des difficultés, que les censures qu’il en reçut le contraignirent à chercher ailleurs la solution de ses doutes. Il soutint des thèses publiques la seconde année de ses études de jurisprudence, et il réussit parfaitement bien. Il alla l’année suivante à Pise avec son frère, qu’on y appela pour la profession en droit. Il y donna tant de preuves de son esprit et de sa science, qu’à l’âge de vingt et un ans il y obtint la chaire des institutes. Il s’attira un grand nombre d’auditeurs, et fit admirer entre autres choses les bons mots dont il se servait dans ses disputes publiques [a]. Sa réputation s’augmenta lorsqu’il fut promu quelque temps après à la charge de professeur extraordinaire aux lois civiles ; mais néanmoins il ne vivait pas content, il se plaignait de la petitesse de ses gages (D). François Accolti, qui avait eu seul la profession ordinaire du soir, en ayant été dispensé à cause de sa vieillesse, on mit à sa place Barthélemi Socin. Notre Décius mit tout en œuvre pour avoir part à cette place, et il avait déjà obtenu ce qu’il souhaitait (E) ; mais on l’en priva, dès qu’on eut su que Socin menaçait de se retirer si l’on faisait ce partage. Pour dédommager Décius, on lui donna la profession en droit canonique. Ce fut par les intrigues de Socin [b], qui espéra que Félinus remporterait toute la gloire de cette fonction ; Félinus, dis-je, qui enseignait depuis long-temps le droit canonique, et qui le savait parfaitement. Socin se trompa dans ses conjectures : Décius fut plus suivi que Félinus, et lui causa tant de chagrin par cette supériorité de gloire, qu’il le contraignit à s’absenter. Félinus se retira brusquement [c]. Les curateurs de l’académie, ayant su la cause de cette retraite, se fâchèrent fort contre Décius, et le privèrent de ses charges. Ils en furent réprimandés par Laurent de Médicis ; et cela fut cause que quand il alla à Florence, pour demander le payement de ses gages, ils lui dirent d’un ton assez rude qu’il s’en retournât à Pise. Il répondit qu’il n’en ferait rien, puisqu’il avait accepté la profession que ceux de Sienne lui avaient offerte ; mais il fallut qu’il y renonçât, et qu’il reprît ses emplois à Pise, car on le menaça de retenir les arrérages de sa pension, et l’on défendit le transport de ses effets. On lui fit quelques avantages, et on lui promit de l’associer à Socin au bout de deux ans. Socin, qui était à Sienne, ayant su cela, fit dire qu’il ne retournerait point à Pise si cette promesse s’exécutait. Cette menace fit une telle impression, qu’on déclara à notre Philippe qu’il pourrait se retirer si Socin venait reprendre sa profession. Il se retira en effet à Sienne dès le retour de Socin, et y fut professeur en droit canonique, et puis en droit civil. Il fit un voyage à Rome, environ l’an
- ↑ Plura alia que provocatus perlepida dicteria, jocosaque scommata inter disputandum dicebat sæpius excepto pro jucundis vulgo recitabantur. Panzirolus, de clar. Leg. Interpret., pag. 301. Voyez aussi Forst. Hist. Juris Civil., lib. III, cap. XXXIX, pag. m. 533.
- ↑ Voyez Forsterus, Hist. Juris Civilis, lib. III, cap. XXXIX, pag. m. 534.
- ↑ Environ l’an 1483.