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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/441

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DÉCIUS.

1490, et fut désigné auditeur de Rote par Innocent VIII. Il se consacra à l’état ecclésiastique ; mais ayant reçu les premiers ordres, il ne put aller plus loin à cause de sa bâtardise. Quelques auteurs ont supprimé cet obstacle, et ont mieux aimé débiter que par complaisance pour son père et pour son frère, et par l’ennui de réciter son bréviaire chaque jour, il quitta Rome et s’en retourna à Sienne [a]. Il s’y vit exposé à l’envie de quelques autres professeurs, ce qui l’obligea d’aller à Pise, où il enseigna tantôt le droit canonique, et tantôt le droit civil, non sans beaucoup de querelles (F). Il fut appelé à Padoue pour la première chaire du droit canonique l’an 1502. Louis XII le regardant comme son sujet, et le voulant faire professeur à Pavie, le redemanda aux Vénitiens, qui, après une grande résistance, acquiescèrent enfin aux volontés de ce roi (G). Décius arriva à Pavie vers la fin de l’an 1505, et s’y montra digne de l’empressement que Louis XII avait témoigné pour lui. Il obtint après sept années de profession deux mille livres de gages ; ce qu’aucun professeur n’avait jamais eu dans cette université. Les démêlés de la France avec Rome le précipitèrent dans mille malheurs. Étant consulté par Louis XII sur la célébration d’un concile, il opina qu’un petit nombre de cardinaux étaient en droit de le convoquer, et fit un livre là-dessus. Conformément à ce dogme, on tint un concile à Pise, et il y suivit les prélats du parti français. Cela irrita de telle sorte Jules II, qu’il le déclara excommunié. Cette peine ne fut pas apparemment aussi difficile à soutenir, que le ravage qu’on fit faire dans la maison de Décius, lorsque Pavie fut prise (H). Ne se voyant pas en sûreté dans l’Italie, il se retira en France, où il obtint une charge de conseiller au parlement de Grenoble (I). Il alla joindre à Lyon, par ordre du roi, les débris de l’assemblée de Pise, et puis il professa la jurisprudence dans l’académie de Valence [b]. Après la mort de Jules II, il fut absous par Léon X, qui lui offrit une profession en droit canonique à Rome. Comme il craignait d’offenser le roi par l’acceptation de ces offres, il les refusa [c]. Après la mort de Louis XII, il fut appelé à Pise ; mais François Ier. ne lui permit point d’y aller, et l’envoya professer le droit canonique à Pavie. Il en sortit n’étant point payé de ses gages, et voyant Milan assiégé par les troupes de l’empereur Maximilien, il retourna à Pise ou ses gages de professeur montèrent d’abord à huit cents écus d’or, et enfin à 1500. Il mourut à Sienne le 13 d’octobre 1535, à l’âge de quatre-vingt et un ans, et fut enterré à Pise dans le tombeau de marbre qu’il s’était fait faire. Il avait une bâ-

  1. Alii ejus natales celantes rem aliter narrant. Cùm Tristanus pater, et Lancellotus frater factum non probarent, et ipse in canonicis horis quotidiè recitandis tædio afficeretur, relictâ Româ, iterum ad Senenses remeavit. Panzirolus, de claris Legum Interpretibus, pag. 505.
  2. Voyez la remarque (I).
  3. M. Doujat, Præn. Canon., pag. 617, n’a pas bien compris ceci ; il veut que Décius les ait acceptées.