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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/446

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DÉJOTARUS.

ni quid proloqui potuerit [1]. Je n’ai point trouvé ces paroles dans l’auteur que Freher cite ; mais j’ai trouvé tout ce fait un peu amplement dans un ouvrage de Corras même. Voici comme il parle [2] : Quin et nostrâ hâc ætate Philippus Decius, egregius jurisconsultus, anno 1536 [3] (quo tempore me in Senensi academiâ doctoratûs titulo donavit) adeò senectute emarcuerat, ut nullius legis aut paragraphi ex jure nostro recordaretur : imò ægrè quicquam latinè proloqui posset. Quare quùm mihi ipsa gradûs insignia conferre conaretur, alium quendam è collegis oportuerit prodire, qui verba solita nuncuparet.

(M) Nous marquerons quelques méprises de M. Moréri. ] 1o. L’exactitude ne souffre point que l’on dise que Décius a vécu au commencement du XVIe. siècle ; car il étoit né l’an 1454, et il avait acquis une grande réputation avant l’âge de trente ans. 2o. Il étudia sous son frère, premièrement à Pavie, et puis à Pise. Il ne fallait donc pas se contenter de faire mention de Pise. 3o. Jason, Barthélemi Socini, et Jérôme Zanetini, ne furent point ses précepteurs : il ouït leurs leçons publiques ; mais ce n’est pas ce qu’on nomme en notre langue, avoir tels et tels pour précepteurs. 4o. Je doute qu’il ait été marié : Panzirole n’en dit rien, quoiqu’il le suive pas à pas dans les plus petites démarches de sa vie, et qu’il lui donne expressément une bâtarde. Cet argument négatif me paraît ici préférable à l’affirmation de Paul Jove [4]. 5o. Décius ne se retira point à Pavie, il y fut appelé par Louis XII. 6o. Il n’alla point à Pavie en sortant de Pise, car il était professeur à Padoue lorsque Louis XII le fit venir à Pavie. Paul Jove a trompé ici beaucoup de gens : ab ipsis Pisis, dit-il [5], ubi uxorem duxerat, Ticinum à Gallo præside, opimis stipendiis evocatus. 7o. S’étant retiré en France, après le pillage de sa maison, il ne s’arrêta point deux ans à Bourges, comme l’assure M. Moréri après Paul Jove [6]. Le silence de Panzirole me paraît démonstratif contre cela, et d’ailleurs la chronologie n’est point favorable à M. Moréri. Il veut que Décius, s’étant arrêté à Bourges deux ans, ait été appelé à Valence par Louis XII, et honoré d’une charge de conseiller au parlement. La maison de cet habile homme fut pillée l’an 1512, et il y a beaucoup d’apparence qu’il n’arriva en France que vers la fin de la même année. Or Louis XII mourut le 1er. jour de janvier 1515. Il vaut mieux croire ceux qui disent que Décius, à son arrivée dans le royaume, fut pourvu de la charge de conseiller. M. Doujat se trompe de placer cela sous l’année 1510 [7]. 8o. Décius ne fut point enterré à Pavie, mais à Pise. 9o. Au lieu de nimis venustè dans les vers de Latomus, il faut lire minùs venustè.

Notez encore une faute de Paul Jove. Il dit que Décius, étant retourné en Italie, s’engagea au service de l’académie de Sienne : ce fut au service de celle de Pise. Notez aussi une faute de M. le Laboureur : il veut que Jean Jacques de Mêmes, professeur en droit à Toulouse, ait eu pour collègue Philippe Décius [8]. Celui-ci n’a jamais enseigné là.

  1. Freherus, in Theatro, pag. 814. Il cite Forsterus, in Hist. Juris civilis Rom., lib. II, cap. XXXIX.
  2. Joh. Corrasius, Notis in Arrestum Parlamenti Tholosani, pag. m. 71. Je n’ai point l’édition française ; ainsi je cite la version latine faite par Hugues Sureau.
  3. Panzirole et tous les autres biographes, mettent la mort de Décius à l’an 1535.
  4. Pisis ubi uxorem duxerat. Jovius, Elogior. pag. 207.
  5. Jovius, ibid. Whart., Freherus, Theatr. Vir. ill., pag. 814, disent la même chose.
  6. In civitate Biturigum jus divinum edocuit per duos fermè annos. Jovius, Elog. pag. 207. Wharton, Freher, etc., disent le même.
  7. Doujat., Prænotion. canonicæ, pag. 617.
  8. Le Labour., Addit. aux Mémoires de Casteln., tom. II, pag. 835.

DÉJOTARUS, l’un des tétrarques de Galatie, s’agrandit peu à peu de telle sorte, qu’il empiéta presque tous les droits des autres tétrarques, et qu’il obtint du sénat romain le titre de roi, et la petite Arménie [a]. Il fut enfin le seul tétrarque [b]. Il rendit de bons services

  1. Hirtius, de Bello Alexandr., cap. LXVII.
  2. Strabo, lib. XII, pag. 390.