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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/447

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DÉJOTARUS.

aux Romains dans toutes leurs guerres d’Asie (A) ; et ne doutant pas que le parti de Pompée ne fût celui du peuple romain, et que le parti de César ne fût le parti rebelle, il se déclara pour Pompée (B) et lui amena de bonnes troupes. Il en fut censuré rudement quelque temps après, lorsque César revenant d’Égypte pour aller combattre Pharnace, roi du Pont, s’approcha de la Galatie. Déjotarus, voulant lui faire oublier son attachement pour Pompée et se procurer un appui contre les autres tétrarques, lui avait fourni beaucoup d’argent [a], et avait donné des quartiers dans ses états aux troupes de Domitius Calvinus [b]. Cela ne fut point inutile ; car, après avoir essuyé quelques fortes réprimandes, il trouva grâce devant César (C). Il lui avait demandé pardon ; et pour le faire avec plus d’humilité, il avait mis bas les habits royaux. César les lui fit reprendre, lui pardonna le passé [c], et lui confirma et à lui et à son fils le titre de roi [d] ; mais il le mena à la guerre contre Pharnace [e] ; et puis il lui ôta l’Arménie, et une partie de la Galatie [f]. Quelque temps après, Déjotarus eut à Rome une très-fâcheuse affaire. Il y fut accusé d’attentat sur la vie de César : on soutint que, lorsque César logea chez Déjatorus, celui-ci eut dessein de le tuer. Castor, fils du gendre de Déjotarus, poussa cette accusation, et suborna le médecin [g] de son aïeul maternel, pour déposer contre son maître. Cicéron plaida la cause de l’accusé [h], et réussit admirablement ; néanmoins, il n’obtint pas gain de cause : César ne prononça rien ni pour ni contre (D), il aima mieux laisser cela indécis : ceux qui affirment le contraire se trompent (E). Quelques mois après on l’assassina. Déjotarus n’en eut pas plus tôt reçu la nouvelle, qu’il reprit tout ce que César lui avait ôté [i]. Son grand âge ne l’empêcha point de se joindre à Brutus dans l’Asie [j], et il confirma par cette démarche les promesses de ses bons desseins que l’on avait faites au sénat [k]. Il n’était point aussi débonnaire que son orateur le représente (F) : il fit mourir sa fille et son gendre, et démolit la forteresse où ils demeuraient. Il y a beaucoup d’apparence que Castor lui échappa (G), et que c’est lui qui obtint en l’année 714 de Rome, les pays que Déjotarus et Attalus laissèrent vacans dans la Galatie par leur mort. Déjotarus eut un autre gendre contre lequel il entreprit une guerre de religion (H) ; car comme il était le patron du temple et des prêtres de la déesse Cybèle, il ne put souffrir que Brogitarus son beau-fils profanât ce lieu sa-

  1. Cicero, Orat. pro Dejotaro, cap. V.
  2. Il était lieutenant de Jules César en Asie.
  3. Hirtius, de Bello Alexandrino, cap. LXVIII.
  4. Cicero, Orat. pro Dejotaro, cap. III.
  5. Hirtius, de Bello Alexandrino, cap. LXVIII.
  6. Cicero, de Divinat., lib. II, cap. VIII et XXXVI ; et Philipp. II, cap. XXXVII.
  7. Il était venu à Rome avec les ambassadeurs de Déjotarus.
  8. Vide Orationem Ciceronis pro rege Dejotaro passim.
  9. Cicero, Philipp. II.
  10. Dio, lib. XLVII, pag. 388.
  11. Cicero, Philipp. XI, cap. XII.