Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T05.djvu/473

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
463
DÉMOCRITE.

tur Democrito, ita hæc referuntur : Λαϐὼν βιϐλάριον καταμέτρησον ἀπὸ ὠτίου εἰς ὠτίον· κἂν μὲν ἶσον ἦ, παρθένος ἐςι· εἰ δὲ μὴ, ἔϕθαρται. Nempe si filum aut funiculum ex lino aut papyro accipias, et anterioris colli spatium ab aure ad aurem, et deinceps cervicem seu aversam metiaris colle partem similiter ad aures, fuerintque hæc intervalla inæqualia, defloratam esse sponsam, contra si æquales fuerint isti semicirculi, esse etiamnum virginem. Aliud quoque addit signum, scilicet si collum fuerit calidum et nates frigidæ, et hoc quoque amissæ virginitatis esse indicium [1]. Il y avait une autre méthode de mesurer : Séverin Pineau en parle dans le Ve. chapitre du Ier. livre de Notis Virginitatis, et Gaspar à Reies dans sa question XXXVIII.

(D) Quelques-uns ont dit qu’il vécut cent neuf ans. ] On ne trouve rien de certain, ni sur le temps de sa naissance, ni sur le temps de sa mort. Aussi voyons-nous que Scaliger ne fait autre chose que marquer en quoi les auteurs se contredisent [2]. Démocrite, dans la Chronique d’Eusèbe, fleurit au commencement de la 7e. olympiade, et meurt l’an 2 de la 93e. [3]. Sur ce pied-là, il faudrait qu’il eût vécu beaucoup plus de cent neuf ans, ou qu’il eût fleuri dès sa dix-neuvième année. Diodore de Sicile le fait mourir âgé de quatre-vingt-dix ans, la 1re. année de la 94e. olympiade [4]. Lucien assure que Démocrite se laissa mourir de faim à l’âge de cent quatre ans [5]. Si l’on avait quelque chose d’assuré touchant l’âge d’Anaxagoras, on connaîtrait mieux la chronologie de Démocrite ; car ce dernier assure dans quelqu’un de ses ouvrages [6] qu’il était de quarante ans plus jeune qu’Anaxagoras. Mais on ne trouve que discorde entre les auteurs qui marquent les temps d’Anaxagoras. Il avait trente-deux ans, dit-on [7], quand Xerxès passa en Europe : il vécut soixante-douze ans, et il mourut la 1re. année de la 78e. olympiade. Je laisse plusieurs autres brouilleries qui ne sont pas plus aisées à démêler que celles-ci. On peut assurer hardiment qu’Élien s’est abusé [8] en supposant que Démocrite se moqua bien d’Alexandre sur l’inquiétude où était ce prince par la considération qu’il n’avait pas encore conquis un monde, et qu’il y en avait une infinité selon Démocrite. Les cent neuf ans que l’on donne à ce philosophe ne peuvent pas le mener jusqu’aux conquêtes d’Alexandre. L’opinion d’Aulu-Gelle est solide ; il l’avait acquise par de bonnes voies : il assure que Socrate était plus jeune que Démocrite [9]. Or Socrate mourut la 1re. année de la 95e. olympiade, âgé de soixante-dix ans [10] : il fallait donc que Démocrite fût alors âge de quatre-vingts ans pour le moins. Il en aurait donc eu plus de cent quarante s’il eût été en vie lorsqu’Alexandre monta sur le trône, la 1re. année de la 111e. olympiade. N’oublions pas le genre de mort que Marc Antonin [11] attribue à Démocrite, contre tous les autres écrivains. Il le fait mourir de la maladie pédiculaire : il prit apparemment l’un pour l’autre, Phérécide pour Démocrite. Vous verrez dans la remarque (E) diverses autorités touchant la mort volontaire de notre philosophe. On les peut joindre à ces trois vers de Lucrèce :

Denique Democritum postquàm matura vetustas
Admonuit memorem motus languescere mentis,
Sponte sud letho caput obvius obtulit ipse [12].

(E) En faveur de sa sœur, il recula de quelques jours l’heure de sa mort. ] Sa sœur s’attristait, non pas de voir qu’il allait mourir, mais de voir qu’à cause de cette mort elle

  1. Is. Vossius, in hæc verba Catulli, Epith. Pelei et Thetidis,

    Non illam nutrix orienti luce revisens,
    Hesterno collum poterit circumdare filo. P. 248.

  2. Scalig., in Euseb., num. 1616, pag. 109.
  3. M. Ménage, Notæ in Laert., lib. IX, num. 41, impute à Eusèbe de marquer la mort de Démocrite à l’an 4 de la 94e. olympiade. Jonsius l’a trompé, qui dit cela pag. 23.
  4. Diod. Siculus, lib. XIV, cap. XI.
  5. Lucian., in Macrobiis, pag. m. 639, 640, tom. II.
  6. In parvo Diacosmo, apud Laërtium in Democrito, num. 41.
  7. Laërt., lib. II, num. 7.
  8. Ælian., Hist. div., lib. IV, cap. ult.
  9. Aulus Gell., lib. XII, cap. XXI.
  10. Voyez sa Vie par M. Charpentier, pag. 284.
  11. Περὶ τῶν εἰς ἑαυτὸν, lib. III, sect. III.
  12. Lucret., lib. III, vs. 1052.