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CHARLES QUINT.

sion de ces six livres de Pline [* 1], mais ils observent que son sommaire des XVI premiers livres de Pline fut imprimé à Lyon, par Jean de Tournes, l’an 1551, in-16. Ce fut Blaise de Changy, l’un de ses fils, qui le publia [1]. Il était curé d’Espoysse, comme me l’apprend un dizain qui est au commencement de la traduction du livre de Vivès. Pierre Pesselière, natif d’Auxerre, en est l’auteur. Jacques de Changy, autre fils de notre écrivain, était avocat. Je crois que la terre de Changy est en Bourgogne ; car voici le commencement de l’épître dédicatoire de ce traducteur :

A Marguerite ma fille.

De la librairie du seigneur Sainct Anthot, conseiller en nostre Souveraine court à Digeon, ton frère maistre Jaques, docteur ès droictz, n’a apporté à Changy ung livre en latin, composé par un homme éloquent, contenant honeste érudition de la Femme Chrestienne.

Du Verdier attribue à Jacques de Changy, docteur ès droicts, et avocat à Dijon, une traduction française du livre de Jean-Louis Vivès, Institution de la Femme Chrétienne, etc. [2]. Il dit qu’elle fut imprimée à Lyon, in-16, pour Sulpice Sabon, et que Loys Torquet [3] a fait aussi une autre plus nouvelle traduction du même livre. On voit bien qu’il donne au fils dans la page 597, ce qu’il donne au père dans la page 1000. Pourquoi ne marque-t-il pas l’année de l’édition de Lyon ?

  1. * Joly croit que l’auteur des vers cités se trompe, et qu’il s’agit du Sommaire des Singularités de Pline : extrait des seize livres de sa naturelle histoire, etc. L’éditeur B. de Changy dédia l’ouvrage au cardinal de Meudon qu’il tutoye dans son épître dédicatoire.
  1. La Croix du Maine, Biblioth. française, pag. 389.
  2. Du Verdier, Bibliothèque française, pag. 597.
  3. Il fallait dire, Turquet, comme dans la page 821.

CHARLES-QUINT, empereur et roi d’Espagne, né à Gand le 24 de février, fête de saint Mathias 1500, a été le plus grand homme qui soit sorti de l’auguste maison d’Autriche. Il était homme de guerre, et homme de cabinet : de sorte que se trouvant maître de tant de royaumes et de provinces, il aurait pu subjuguer toute l’Europe, si la valeur de François Ier. n’y eût apporté des obstacles (A). Il y eut une concurrence continuelle entre ces deux princes, dans laquelle la fortune se déclara presque toujours contre la France ; ce qu’il fallait attribuer en partie à la supériorité de forces qui favorisait Charles-Quint, et en partie à la mauvaise conduite du conseil de France, où l’on faisait plus de fautes que la valeur des troupes françaises n’était capable d’en réparer. Tout cela n’empêcha point Charles d’éprouver plusieurs revers de fortune dans ses expéditions contre la France. On prétend qu’il fut un de ces esprits tardifs, qui ne promettent rien moins dans leur jeunesse que ce qu’ils seront un jour. On veut même que cela lui ait été fort utile pour obtenir la préférence sur Francois Ier. par rapport à la couronne impériale (B). Quoiqu’il eût un habile précepteur [a], il n’apprit que peu de latin [b] ; il réussit beaucoup mieux aux langues vivantes. Il avait la française tellement en main, qu’il s’en servit pour composer ses propres annales (C). On prétend néanmoins qu’il estimait plus l’espagnole (D). Il a harangué en certaines occasions ; mais il s’oublia d’une terrible manière dans la harangue qu’il prononça en espagnol devant le

  1. Il a été pape sous le nom d’Hadrien VI.
  2. Voyez la remarque (F) de l’article d’Hadrien VI, tome VII.