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FRANÇOIS Ier.

j’ai rapporté dans leurs propres termes [a].

  1. Voyez la remarque (I).

(A) Les historiens français...... se plaignent de ce que les écrivains espagnols..., affectent de lui donner l’éloge d’un prince accompli. ] Quelques critiques de M. Varillas auraient voulu qu’il eût imité les historiens... italiens et espagnols, en ce qu’ils ne se sont pas contentés d’exagérer les belles actions de François Ier. ; mais ils ont de plus caché celles qui n’étaient pas louables [1]. Il répond entre autres choses : Qu’ils n’ont pas prétendu obliger François Ier., et qu’ils n’ont écrit en sa faveur que par une fine politique qu’il importe de développer ; et voici comment il la développe. « Ils étaient jaloux de l’accroissement de la France, et ils appréhendaient qu’elle ne poussât ses conquêtes jusque dans leur pays, après qu’elle se serait débarrassée des guerres civiles où elle avait été occupée durant quarante ans. Il n’y avait point d’autre moyen pour l’en détourner, que de persuader aux Français qu’ils ne réussiraient pas mieux à l’avenir contre l’Espagne, l’Allemagne et les Pays-Bas, qu’ils avaient réussi sous le règne de François Ier. ; et pour y parvenir il fallait les accoutumer à lire dans l’histoire de ce prince, qu’il avait fait tout ce qui se pouvait humainement contre la maison d’Autriche, sans qu’il lui eût été possible de l’ébranler ; qu’il n’y avait en rien à redire dans sa conduite ; que les fautes que l’on croyait y avoir aperçues venaient de la monarchie, et non pas du monarque ; c’est-à-dire que François Ier. avait bien apporté tout ce qu’il fallait de son côté pour vaincre Charles-Quint ; mais que la France n’avait pu faire des efforts assez considérables, ni fournir assez d’hommes et d’argent pour une telle victoire ; que ce que l’on imputait au malheur du même François Ier. ne devait être attribué qu’à l’impuissance de son état ; et que si les plus grands capitaines et des plus adroits politiques qui furent jamais, eussent commandé les mêmes armées, et se fussent rencontrés dans les mêmes conjonctures, ils auraient succombé devant Pavie, et se fussent comme lui tirés d’affaire par les traités désavantageux de Madrid, de Cambrai, et de Crépy. Il n’y avait rien de plus aisé aux historiens français que de réfuter une erreur si grossière, en exposant, comme j’ai fait, la vérité toute nue, et en montrant par des titres authentiques, que François Ier. n’avait pas fait à beaucoup près tout ce qu’il pouvait contre Charles-Quint, et qu’il n’avait tenu qu’à lui de le vaincre en plusieurs rencontres ; qu’il y avait eu dans sa majesté très-chrétienne des négligences et des contre-temps qui ne pouvaient être excusés ; que ces irrégularités venaient toujours du monarque, et non pas de la monarchie ; que la faiblesse n’y avait eu aucune part ; et que si le malheur y en avait eu, ce n’avait été que la moindre. Que le tout était presque venu du malentendu, si commun dans l’histoire de France entre les souverains du temps passé et leurs ministres ; et que de meilleurs capitaines et de plus vigilans politiques répareraient un jour ce que François Ier. avait gâté. »

(B) Les tendres cajoleries dont il enchantait la jeune reine. ] Louis XII, qui avait épousé la sœur du roi d’Angleterre, au mois de novembre 1514, mourut le premier jour de janvier suivant, et plusieurs crurent que les trop grandes caresses qu’il avait faites à la jeune reine avaient causé sa mort [2]. Ces caresses, excessives pour un prince aussi délicat que lui, ne l’étaient point pour son épouse qui n’avait que dix-huit ans. Elle écoutait la fleurette tant en français qu’en anglais. Un gentilhomme de son pays l’aimait, et l’avait suivie en France. Elle l’épousa depuis. D’autre côté, elle parut tout-à-fait aimable à l’héritier présomptif de la couronne. Il s’appelait alors le duc de Valois. Voyons ce que Mézerai rapporte. » Le jeune duc

  1. Varillas, préface de l’Histoire de François Ier.
  2. Mézerai, Histoire de France. tom. II, pag. 872.