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GOLDAST.

zell [a] au pays des Suisses, et protestant de la confession de Genève, a été un fort savant homme, au XVIIe. siècle. Sa famille n’était point riche (A), et il ne fit jamais fortune ; de sorte qu’il se fit plus connaître par le grand nombre de livres qu’il composa, ou dont il procura des éditions, que par ses emplois publics. Un recueil de lettres, imprimé l’an 1688 (B), fait voir qu’en l’année 1598 il se tenait à Bischoffzell ; que l’année suivante il était logé à Saint-Gal, chez un honnête homme qui se déclara son Mécène, et qui se nommait Schobingérus ; qu’en la même année il fut à Genève, et qu’il y logea chez Lectius (C) avec les fils de Vassan, desquels il était précepteur ; qu’il était encore à Genève l’an 1602, et qu’il s’y plaignait de sa misère ; que la même année il s’en alla à Lausanne, à cause qu’il y pouvait subsister à moins de frais qu’à Genève ; qu’il retourna peu après à Genève ; qu’à la recommandation de Lectius, il fut donné pour secrétaire au duc de Bouillon ; qu’il ne garda guère cet emploi, car il était à Francfort au mois de février 1603 ; qu’il avait une condition à Forsteg l’an 1604 ; qu’en l’année 1605 il demeurait à Bischoffzell, où il se plaignait de n’être pas en sûreté (D), à cause de sa religion, qui le rendait fort odieux, même à ses parens ; qu’il était à Francfort l’an 1606 ; qu’il s’y maria, et qu’il y demeura jusques à l’année 1610 mal dans ses affaires (E), et voyant échouer les vues de ses amis pour quelque bon établissement (F). Le recueil dont je parle finit là. Goldast avait déjà publié beaucoup de livres, et il continua de le faire jusques à sa mort (G), c’est-à-dire jusqu’au 11e. jour du mois d’août 1635 [b]. Scioppius avait donné ordre que l’on publiât dans son Scaliger Hypobolimæus, que Goldast avait été roué ; mais ayant connu la fausseté de ce fait, il fit en sorte que l’on corrigeât cela. Nous verrons dans les remarques comment il se tire d’affaire (H) ; ce n’est pas sans dire beaucoup de mal de Goldast. On ne saurait approuver la conduite de ce dernier à l’égard de Juste Lipse (I), sous le nom duquel il publia une harangue dont il était lui-même l’auteur. Il paraît que l’on se plaignait de son humeur un peu bizarre (K), et de sa mauvaise foi [c].

  1. En latin Episcopo-Celta. Moréri se trompe en le faisant natif d’Héminsfeldt.
  2. Witte, in Diario Biographico.
  3. Voyez la remarque (G), citations (18) et (19).

(A) Sa famille n’était point riche. ] Cela paraît par quelques lettres de Conrad Rittershusius, chez qui Goldast avait été en pension, Goldast en était sorti sans payer son hôte ; et depuis qu’il fut retourné dans sa patrie, il laissa couler bien du temps sans le satisfaire. Rittershusius s’en plaignit [1], et représenta que les bouchers, les boulangers, les brasseurs l’avaient tant pressé, qu’il lui avait fallu prendre de l’argent à intérêt, afin de faire cesser leurs persécutions. Il ajouta qu’il espérait que Goldast lui ferait tenir le principal et les intérêts, et que c’était ainsi que Taurellus et quelques autres en usaient à l’égard de leurs pensionnaires qui avaient besoin qu’on leur fit crédit. Sa lettre est datée du 21 d’août 1598. L’année suivante, Stuckius [2] écrivit au même

  1. Sa lettre est la IIIe. dans le recueil imprimé l’an 1688.
  2. Sa lettre est la IXe. du même recueil.