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HÉNAULT.

feste de M. de Gadagne pour l’affaire de Gigéri. Vous trouverez dans le Furetieriana une élégie [a] et une églogue [b] de cet auteur. L’élégie est précédée de cet éloge : M. d’Hénault était estimé de tout le monde ;..... il était parfaitement honnête homme, et amoureux. Il composa un sonnet qui donna lieu à M. Colbert de faire une belle action (E). Il fut marié, et il laissa une fille qui est pensionnaire dans un couvent de Paris. Nos remarques sont remplies de plusieurs particularités qu’on nous a communiquées. Recourez-y.

  1. À la page 77 de l’édition de Hollande.
  2. À la page 238.

(A) Auteur du sonnet sur mademoiselle de Guerchi. ] Avant que je publiasse, dans la remarque (G) de l’article de Spinosa, l’extrait de la lettre où ces paroles sont contenues, j’avais déjà observé [1] que l’on croyait que le sonnet de l’Avorton était de M. Hénault, et qu’il avait été composé pour mademoiselle de Guerehi. Mais dès que mon Dictionnaire eut paru à Londres, il y eut un savant anglais qui me fit l’honneur de m’écrire, 1°. qu’il savait d’original que ce sonnet avait paru deux ou trois années avant la mort de mademoiselle de Guerchi ; 2°. que des personnes qui prétendaient le savoir très-bien l’avaient assuré qu’il fut fait par Subligni, auteur de la fausse Clélie. Je communiquai cela à l’habile homme qui m’avait écrit la lettre dont j’avais inséré un extrait dans l’article de Spinosa. Il me répondit que M. Lucas l’avait assuré que le sonnet de l’Avorton était fait vingt ans devant l’accident de mademoiselle de Guerchi ; mais que tous les autres gens à vers qu’il avait consultés disaient qu’il fut fait sur un avortement de cette personne, autre cependant que celui qui lui coûta la vie. Vingt de mes amis, ajouta-t-il, qui ont vécu avec Hénault, m’ont assuré que le sonnet était positivement de lui, et qu’il l’avouait. Subligni [* 1] était encore au collége quand cette pièce parut : sa veuve et sa fille m’ont confirmé qu’il n’en était pas l’auteur. Établissons pour un fait certain que c’est un ouvrage de notre Hénault ; car nous verrons ci-dessous qu’il a été mis dans le recueil des ouvrages de ce poëte ; mais doutons beaucoup qu’il ait été fait pour la demoiselle de Guerchi. Il passe pour un chef-d’œuvre, quoiqu’il soit contre les règles [2], et que l’on y trouve même un barbarisme [3],

(B) Son mérite n’étant pas imprimé. ] Ceci s’est trouvé faux : « M. d’Hénault lui-même de son vivant a fait imprimer un petit recueil de ses ouvrages, à Paris, chez Barbin, en 1650, in-12, Œuvres diverses...... par le sieur D. H. Il est dédié à M. Doort, sans autre qualité : il contient de la prose et des vers, et des lettres en prose et en vers à Sappho, qui pourrait bien être madame Deshoulières. Le sonnet de l’Avorton s’y trouve... Il ne faut pas oublier la première pièce du livre, qui a pour titre : de la Consolation à Olympe. Elle me fournira deux observations de critique, l’une que les compilateurs des Œuvres de Saint-Évremont, trompés peut-être par quelqu’un ou par une prétendue conformité de style, ont mis cette lettre entière qui est très-longue, au nombre des ouvrages de Saint-Évremont ; et bien des gens qui se disent connaisseurs ont pris cela pour une pièce vraiment de lui. C’est un exemple que vous pouvez ajouter à ceux que vous avez ramassés des erreurs où cette conformité induit tous les jours des critiques. La seconde observation tombe à-plomb sur un nouveau censeur....... qui a voulu donner un jugement des ouvrages de Saint-

  1. (*) Il s’est fait estimer au palais : on a de lui quelques pièces de théâtre et la Critique de l’Andromaque.
  1. Dans l’article Patin, lettre (d). J’ai ôté cela dans cette seconde édition. [Celle de 1702.]
  2. Voyez les Amitiés, Amours et Amourettes de M. le Pays, liv. III. lettre IV.
  3. Voyez le père Bouhours, Manière de bien penser, pag. 373, édition de Hollande.