Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T08.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
HOTMAN.

pas qu’il en pût faire profession à Paris il s’en alla à Lyon, l’an 1547, où il publia un livre. Ce fut le second ouvrage qu’il mit sous la presse (B). Voyant qu’il n’avait rien à espérer de son père pour subsister, il s’en alla à Lausanne (C), où MM. de Berne lui donnèrent la charge de professeur aux belles-lettres. Il y publia quelques livres, et il s’y maria avec une demoiselle française[a], qui s’y était réfugiée pour la religion. Son mérite fut si connu de toutes parts, que les magistrats de Strasbourg lui offrirent une chaire de jurisprudence ; et pendant qu’il en faisait les fonctions, il se vit recherché par le duc de Prusse, et par le landgrave de Hesse. Il n’écouta point ces vocations ; mais il ne refusa pas d’aller à la cour du roi de Navarre au commencement des troubles. Il alla deux fois en Allemagne, pour demander du secours à Ferdinand au nom des princes du sang, et même au nom de la reine-mère[b]. On a la harangue qu’il fit à la diète de Francfort. Étant retourné à Strasbourg, il se laissa persuader par Jean de Monluc d’aller enseigner le droit à Valence (D) ; et il le fit si heureusement, qu’il releva la réputation de cette université. Trois ans après il alla professer à Bourges, attiré par Marguerite de France, sœur de Henri II ; mais il en sortit au bout de cinq mois, pour se rendre à Orléans, auprès des chefs du parti, qui se servirent utilement de ses conseils. La paix qui se fit un mois après ne l’empêcha pas de craindre le retour de la tempête ; c’est pourquoi il se retira à Sancerre et y attendit un meilleur temps. Ce fut là qu’il écrivit un excellent livre de Consolatione[c]. Il retourna ensuite à sa profession de Bourges, où il pensa périr pendant le massacre de l’an 1572. Ayant eu le bonheur d’en échapper, il sortit de France, bien résolu de n’y retourner jamais, et s’en alla à Genève. Il y fit des leçons en droit, et y publia des livres si forts contre les persécuteurs qu’on lui fit faire de grandes promesses pour l’obliger à ne plus écrire sur ce ton-là, mais il n’écouta point ces propositions (E). Quelque temps après il se transporta à Bâle, et y enseigna le droit. La peste l’ayant obligé d’en sortir, il se retira à Montbéliard, où il perdit son épouse. Il alla ensuite à Genève, et y fit un livre pour les droits du roi de Navarre (F) ; après quoi il s’en retourna à Bâle, et y mourut le 12 de février 1590. Il avait refusé d’aller à Leyde, où on lui offrait une chaire de professeur. Il avait eu le temps de mettre en ordre ses ouvrages pour une nouvelle édition[d], qui ne parut que long-

    bourg, que lui montra le clerc de son père (Pierre Hotman, conseiller au parlement, rapporteur du procès), malgré les defenses qu’il en avait faites. »

  1. Elle était d’Orléans, et s’appelait Claudine Aubelin. Petrus Neveletus, ubi infrà citation (23).
  2. Voyez ci-dessous la citation (23).
  3. Son fils le fit imprimer après la mort de son père.
  4. Tiré de sa Vie, composée par Petrus Neveletus Doschius, dont on parlera ci-dessous dans la remarque (O). C’est l’une des dix Vies de Jurisconsultes que Leickhérus a fait réimprimer à Leipsic l’an 1686. Je me sers de cette édition.