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HOTMAN.

temps après sa mort en trois volumes in-folio[a]. On n’y mit pas tout ce qu’il avait publié (G). Sa Franco-Gallia, dont il faisait grand état[b], est celui de tous ses écrits que l’on approuve le moins, et persuada à quelques personnes qu’il était l’auteur des Vindiciæ contra Tyrannos (H), qui est un livre tout-à-fait conforme aux idées républicaines. On rétorqua contre lui ses propres maximes quelque temps après (I). Il est difficile d’éviter cet inconvénient, lorsqu’on écrit sur de certaines matières. Il fut bien payé de son Brutum fulmen (K) par le roi de Navarre. Il fut de ceux qui n’ont jamais consenti qu’on les peignît[c], mais on le fit peindre pendant qu’il était à l’agonie. Il laissa deux fils et quatre filles. Jean Hotman, sieur de Villiers, son aîné, passe pour l’auteur de l’Anti-Chopinus, pièce burlesque, et de l’Anti-Colazon, qui est une apologie pour son traité de l’Ambassadeur, où il avait été, disait-on, le plagiaire de Charles Paschal. Voyez M. Baillet[d]. M. Moréri n’a pas fait beaucoup de fautes (L).

Je m’étonne qu’on ait oublié dans la Vie de François Hotman, une chose qui lui est bien glorieuse, c’est qu’à l’âge de vingt-trois ans il fit des leçons publiques aux écoles de Paris (M). On n’y parle point non plus, et je ne m’en étonne pas, de certaines choses que Baudouin avait publiées contre lui, et qui flétriraient horriblement sa mémoire si elles étaient véritables (N). On ne pourrait y ajouter foi, sans croire qu’il est beaucoup plus facile de devenir parfaitement docte et grand ennemi de la religion persécutante que de devenir médiocrement honnête homme. Je dirai un mot touchant l’auteur de la Vie de François Hotman (O). L’ouvrage, qui a été imprimé à Amsterdam[e] sous le titre de Francisci et Joannis Hotomanorum Patris ac Filii et clarorum virorum ad eos Epistolæ, me fournirait beaucoup d’additions pour cet article, soit touchant l’application ruineuse de notre jurisconsulte à la recherche de la pierre philosophale[f], soit sur plusieurs autres particularités de sa vie ; mais il vaut mieux que je renvoie mes lecteurs aux Nouvelles de M. Bernard[g]. L’extrait qu’il donne de cet ouvrage ne laisse rien à désirer. On peut consulter le premier volume Observationum selectarum ad rem litterariam spectantium, imprimé à Hall, l’an 1700.

  1. Ils furent imprimés à Genève par les soins de Jacques Lectius, l’an 1599.
  2. Voyez la remarque (E).
  3. Nevel. in Vitâ Hottomanni, pag. 229.
  4. Dans ses Anti, art. 118 et 119.
  5. En 1700, in-4o.
  6. Voyez l’Oraison funèbre de Scipion Gentilis, apud Witte, Memor. juriscons., pag. 33.
  7. Nouvelles de la Rép. des Lettres, mars 1701, pag. 268 et suiv.

(A) Sa famille était originaire de Silésie. ] Il y a plusieurs familles du nom de Hotman à Breslaw, capitale de la Silésie, et de celles-là sont descendues plusieurs autres établies dans la Lusace, dans la Misnie, dans le pays de Clèves, etc. Lambert Hotman[1] alla en France pour porter les armes au service de Louis

  1. Né à Emmerik, au pays de Clèves, selon M. Baillet, Recueil des Anti, art. 131.