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MAKOWSKI.

bonne cause contre les arméniens ; ce qui lui fut une source d’amertumes (B). Ce sont les suites ordinaires de cette sorte de tempérament. Il eut des affaires au synode de Dordrecht (C). On verra ci-dessous le titre de la plupart de ses écrits imprimés (D). Je laisse ceux qu’on trouva parmi ses papiers, et que le public n’a jamais vus. Il a été accusé de plagiarisme (E).

(A) Il cultiva en toute occasion... son talent de bien disputer. ] À Prague il attaqua les jésuites dans une dispute : à Lublin il entra souvent en lice contre les sociniens ; et pendant qu’il étudiait à Heidelberg, il alla à Spire afin de disputer contre les jésuites, à la place de Barthélemi Coppénius qu’ils avaient défié au combat, et qui n’avait pu obtenir de l’électeur Palatin la permission d’y comparaître [1].

(B) Son grand zèle... contre les arminiens.... lui fut une source d’amertumes. ] Coccéius [2], après avoir dit que Maccovius ne fut pas un chien qui ne sût japper pendant les troubles de l’église, mais qu’il combattit vaillamment pour la vérité de la grâce, ajoute que ces sortes de guerres ayant accoutumé de produire de mauvais soupçons, des inimitiés et des discordes, à cause de l’infirmité humaine, il ne faut pas trouver étrange que l’infirmité de la chair ait fait avaler à Maccovius beaucoup d’amertumes. Des esprits ardens, poursuit-il, ont cela qu’encore qu’ils défendent la bonne cause, ils paraissent quelquefois donner dans l’emportement. Il leur arrive souvent la même chose qu’aux bons chiens [3] (qu’il me soit permis d’étendre jusque-là une comparaison empruntée de l’Écriture) qui, pendant qu’ils gardent la maison de leurs maîtres, aboient contre tous les inconnus, fussent-ils les plus grands amis de la maison ; ainsi les défenseurs de la vérité (auxquels le prophète Ésaïe commande [4], comme aux dogues qui gardent le troupeau, de bien aboyer) pendant qu’ils s’agitent contre l’ennemi et qu’ils ne songent qu’au combat, ne prennent pas garde bien souvent à ce qu’ils font ; et répandent quelquefois mal à propos leur aigreur et leurs duretés sur des innocens. Après cela il emploie la comparaison des matelots, qui dans une violente tempête grondent et crient les uns contre les autres, quoique le but général de tous soit de sauver le vaisseau. C’était assez déclarer quelle avait été la destinée de Maccovius. Il avait frappé à tort et à travers sur l’hétérodoxe, et sur l’orthodoxe, et il s’était fait frapper à son tour de tous les deux. Voilà les fruits de la dispute : les chiens au grand collier s’imaginent qu’ils voient le loup partout, dès qu’on ne donne pas dans toutes leurs hypothèses ; et si c’est un confrère qui s’en écarte, ils laissent là l’ennemi commun ; et se ruent sur le compagnon d’œuvre, comme sur un traître [5]. On leur dit leurs vérités, hinc illæ lacrymæ. Considérez ces paroles de l’un des pères du synode de Dordrecht : Qui reverà primo quoque auditu videbantur, exceptis uno aut altero, non fuisse tanti momenti, ut homo doctus de illis coràm synodo accusaretur : complurimi ipsorum erant ex istâ receptissimâ distinctione agentis physicè et moraliter ab accusatore malè intellecta [6].

(C) Il eut des affaires au synode de Dordrecht. ] On lut dans la CXXXVIIIe. session la requête qu’il présenta à la compagnie : il se plaignait d’avoir été accusé d’hérésie devant les États de Frise par son collègue Sibrand Lubbertus, et il suppliait très-humblement le synode de vouloir juger ce différent, ou de permettre que l’accusateur et lui choisissent des commissaires dans cette assemblée qui informassent du fait, et qui en rendissent compte à la compagnie. Lubbertus interrogé là-dessus nia

  1. Tiré de Coccéius, Orat. funebr. Maccovii.
  2. Ibidem.
  3. Voyez, touchant cette comparaison, tom. III, pag. 363, la remarque (D) de l’article saint Bernard ; et la remarque (L) de l’article Castellan, tom. IV, pag. 550.
  4. Chap. LVI.
  5. Afin qu’on vît que je n’amplifie pas les pensées de Coccéius, je voulais les mettre ici en latin selon l’original, mais je n’ai pu retrouver l’Oraison funèbre.
  6. G. Balcauquallus, apud Epist. eccles. et theolog., pag. 573, col. 1, edit. in-folio, 1684.