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MAKOWSKI.

qu’il l’eût accusé, et soutint qu’il n’avait été que la bouche de la classe de Franeker, la véritable accusatrice de Maccovius, et qu’ainsi il ne voulait point être reconnu partie dans ce procès. Il fut ordonné qu’on lirait les actes qui étaient venus de Frise touchant cette affaire. Ils furent lus dans la CXLe. session, et l’on y trouva d’abord cinquante erreurs dont Maccovius avait été accusé, qui parurent presque toutes de peu d’importance, et fondées sur le mauvais sens que l’accusateur donnait aux paroles de l’accusé [1]. On lut deux apologies de Maccovius ; et il y eut des députés étrangers qui dirent que l’on aurait pu réduire à quatre les cinquante chefs d’accusation, et que le crime d’hérésie imputé à Maccovius ne paraissait nulle part. Quidam ex exteris theologis dicebant, potuisse illos quinquaginta errores ; ad quinque vel etiam quatuor reduci ; nec ullum crimen hæreseos, sicut objectum fuerat, in illis deprehendi [2]. Quand Lubbertus opina, il se mit fort en colère contre un des membres de la compagnie, et il produisit un nouveau rôle des erreurs de Maccovius. On lui répondit que l’on avait ouï dire à des personnes dignes de foi, qu’encore qu’il ne voulût point être partie, c’était lui qui avait extrait des thèses et des leçons de Maccovius les propositions prétendues erronées. Il s’échauffa, et jura deux fois que cela n’était pas vrai. Quod ut audiebat D. Sibrandus, vehementissimè commotus, bis Deum vindicem in animam suam precabatur si isthæc vera essent : adeò ut D. præses eum sæpiùs modestiæ sanctæ, et reverentiæ synodo debitæ jusserit meminisse [3]. Dans la CXLIIe. session il fut trouvé à propos de ne point lire devant le synode la troisième apologie de Maccovius, parce qu’elle contenait plusieurs choses personnelles contre Lubbertus. Elle ne fut lue que dans un comité particulier, dont Scultet [4] voulut bien être, quoiqu’il fût mal propre à être juge, puisque les théologiens d’Heidelberg avaient déjà déclaré qu’ils condamnaient l’accusé. Certè exteri mirabantur D. Scultetum nominatum fuisse à provincialibus ; et multo masgis, D. Scultetum id munus velle subire, cùm facultas theologica Heidelbergensis cujus ipse pars esset, theses illas, quæ examinandæ sunt, jam hactenùs tanquàm otiosas, metaphysicas, et falsas damnaverit [5]. Le jugement des commissaires fut que Maccovius avait été accusé mal à propos, et qu’il n’était coupable, ni de paganisme, ni de judaïsme, ni de pélagianisme, ni de socinianisme, ni d’aucune autre hérésie ; mais qu’il aurait dû ne se point servir de phrases obscures et ambiguës, empruntées des scolastiques, et ne pas nier certaines propositions. On les verra dans le latin que je m’en vais rapporter : on saura par ce moyen qu’il était supralapsaire, et qu’il s’exprimait durement sur des doctrines où il faut choyer la délicatesse des oreilles. Legitur judicium deputatorum à synodo in causâ Maccovianâ : cujus summa hæc erat : D. Maccovium nullius gentilismi, judaismi, pelagianismi, socinianismi, aut alterius cujuscunque hæreseos reum teneri, immeritòque illum fuisse accusatum : peccâsse eum, quod quibusdam ambiguis, et obscuris phrasibus scholasticis usus sit : quod scholasticum docendi modum conetur in belgicis academiis introducere ; quod cas selegerit quæstiones disceptandas, quibus gravantur ecclesiæ belgicæ : monendum esse eum, ut cum spiritu sancto loquatur, non cum Bellarmino aut Suarezio : hoc vitio vertendum ipsi, quod distinctionem sufficientiæ et efficientiæ mortis Christi asseruerit esse futilem : quod negaverit humanum genus lapsum esse objectum prædestinationis ; quod dixerit Deum velle, et decernere peccata : quod dixerit Deum nullo modo velle omnium hominum salutem : quod dixerit duas esse electiones. Judicant denique, liticulam hanc inter D. Sibrandum, et D. Maccovium componendam esse, et deinceps neminem debere eum talium criminum insimulare [6]. Le synode approuva le jugement des

  1. G. Balcanquallus, apud Epist. eccles. et theolog., pag. 573, col. 1, edit. id-folio, 1684.
  2. Idem, ibidem.
  3. Ibidem, col. 2.
  4. Député du Palatinat, et professeur en théologie à Heidelberg.
  5. Balcanquallus, apud Epist. eccles. et theol., pag. 573. col. 2.
  6. Balcanquallus, pag. 574, col. 2.