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MARCHE.

historiographe de France [* 1]. Il mourut à Bruxelles le 1er. de février 1501 [a].

  1. * On a encore de lui : 1°. Cy commence ung excellent et très-proufitable livre pour toute creature humaine, appellé le Miroër de mort, in-folio, gothique, sans date ; 2°. le Chevalier délibere dont j’ai parlé dans une note sur la remarque (A) de l’article G. Chastelain, tom. V, pag. 116 ; 3°. la Source d’honneur pour maintenir la corporelle elegance des dames en vigueur, florissant et prix inestimable, composée en ryme françoise, dont il existe au moins une édition, 1532, in-4o. Voyez le Dict. des anonymes de M. Barbier, n°. 6616 de la première édition ; la seconde est sous presse, en juin 1822. Pour les autres ouvrages de la Marche, outre du Verdier, cité par Bayle dans la remarque (C), on peut consulter la Bibliothéque de Bourgogne par Papillon.
  1. Valer. Andr., Bibl. belg, pag. 707.

(A) Il fut mis page... à l’âge d’environ treize ans. ] Cela s’accorde avec ce qu’il dit dans le chapitre Ier. du premier livre [1] qu’il avait l’âge de huit à neuf ans, lorsqu’en 1434 son père le mit à l’école à Pontarli ; mais non pas avec ce qu’il dit dans sa première préface [2], qu’il avait soixante-six ans, lorsque l’archiduc Philippe n’en avait pas dix. Cet archiduc naquit l’an 1478. Olivier de la Marche avait alors cinquante-deux ans : ainsi sa soixante-sixième année concourt avec la quatorzième de l’archiduc. Ce n’est pas la première fois que j’ai observé que les auteurs parlent de leur âge avec mille brouilleries. Notez une lourde faute de Valère André : il donne l’an 1380 pour celui de la naissance de notre Olivier, et il met sa mort à l’année 1501 [3], sans nous faire prendre garde à une vieillesse si extraordinaire. Un auteur comme celui-là, qui aurait vécu 121 ans, devait être mis au rang des choses notables. La vérité est, comme je l’ai déjà dit, que l’an 1426 est son année natale.

(B) Il encourut l’indignation de Louis XI, lorsqu’on arrêta…. le bâtard de Rubempré, l’an 1463. ] On l’arrêta parce qu’on le soupçonnait d’avoir dessein d’enlever le comte de Charolais [4]. Notre Olivier de la Marche porta la nouvelle de cette détention au duc Philippe, qui était alors à Hédin, où il conférait quelquefois avec Louis XI [5]. Le duc, ayant su cela, partit brusquement, et à l’insu de ce monarque. Il courut un bruit que Louis XI avait comploté de s’assurer tout à la fois de père et du fils [6]. Il envoya des ambassadeurs au duc pour s’en plaindre, et il demanda qu’Olivier lui fût livré [7] : car il le regardait comme l’auteur de ces médisances, et de tout ce que ces soupçons avaient fait faire ; et il le voulait châtier sévèrement. Le duc répondit qu’Olivier était son sujet et son serviteur, et que si le roi ou autre lui voulait rien demander, il en ferait la raison [8]. Lisez le chapitre premier de Philippe de Comines.

(C) Ces Mémoires... furent publiés à Lyon, l’an 1562. ] Le manuscrit fut tiré de la bibliothéque de la maison de la Chaux, en Franche-Comté [9]. On en fit une seconde édition à Gand, l’an 1567, in-4°., avec des notes et des corrections à la marge, et une préface qui apprend que l’auteur de ces Mémoires a été plutôt calomniateur qu’historien, à égard des guerres civiles de Flandre [10]. Quant aux autres livres composés par cet écrivain, imprimés et non imprimés, qu’on voie la Bibliothéque de du Verdier Vau-Privas [11]. On vient de publier en flamand l’État de la maison du duc Charles de Bourgogne [12]. C’est la traduction d’un traité que cet auteur avait écrit en français, et qui fut publié à la fin de ses Mémoires, dans l’édition de Louvain, 1645 [13]. Gollut en inséra quelque chose dans ses Mémoires de Bourgo-

  1. Pag. 76.
  2. Pag. 2.
  3. Valer. Andreas, Biblioth. belg., p. 707.
  4. Olivier de la Marche, liv. I, chap. XXXV, pag. 312.
  5. Là même.
  6. Mézerai, Abrégé chronol., tom. III, p. 292, à l’ann. 1463.
  7. Là même.
  8. Olivier de la Marche, Mémoires, liv. I, chap. XXXV, pag. 313.
  9. Voyez l’Avis aux Lecteurs.
  10. Valer. Andreas, Biblioth. belg., p. 707.
  11. À la page 932.
  12. Voyez les Veteris ævi Analecta, publiés par M. Matthæus, à Leyde, en 1698.
  13. Voyez la préface de cet ouvrage de M. Matthæus.