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MARETS.

livre [a], auquel dans la suite il a donné une infinité de successeurs (D). Il suivit le duc de Bouillon en Hollande, l’an 1631, afin d’être son ministre à l’armée. L’année suivante il retourna au même pays avec la mère de ce prince, et s’engagea au service de messieurs les États, qui le donnèrent pour ministre à l’église de Maestricht. Il repoussa et de vive voix, et par écrit, les efforts que firent les ecclésiastiques de Liége, pour empêcher l’établissement des églises réformées dans ce pays-là ; et il eut d’ailleurs mille peines à dévorer, depuis que le duc de Bouillon eut épousé une femme catholique (E). Il tâcha, mais inutilement, de le retenir dans la profession de l’église réformée, et par ce moyen il encourut la haine de la duchesse ; ce qui, joint à d’autres ennuis, lui fit regarder comme une bonne fortune la vocation que l’église de Bois-le-Duc lui adressa l’an 1636. Il n’eut garde de la refuser. L’année suivante il devint professeur dans l’école illustre de la même ville ; et il remplit cette charge avec tant d’application et de succès, qu’on le souhaita à Franeker, l’an 1640, et à Groningue, l’an 1642. Il refusa la première vocation et accepta la seconde. Il fit sa harangue inaugurale à Groningue, le 20 janvier 1642 [b] : et depuis ce temps-là jusqu’à sa mort il rendit de si grands services à cette université, qu’elle passa pour l’une des plus florissantes du Pays-Bas. Messieurs de Berne, bien informés de ses talens, lui offrirent en 1661, avec beaucoup d’avantages, une chaire de professeur en théologie à Lausanne, dont il les remercia. L’académie de Leyde le demanda pour une semblable profession au mois de mars 1673 [c]. Il l’avait acceptée ; mais il n’eut pas le temps d’en aller prendre possession : il mourut à Groningue, le 13 de mai de la même année, laissant deux fils dont je parlerai ci-dessous (F). Je dirai aussi quelque chose de ses ancêtres (G). Il ne faut pas oublier qu’en l’année 1652, il fut donné pour seul ministre à l’église wallonne de Groningue, où jusqu’alors il avait prêché une fois tous les dimanches, pour soulager le pasteur de cette église, et sans y être obligé [d]. L’académie de Montauban eut envie de l’appeler après la mort de Garissoles ; et celle de Marpourg aussi, quand on commença à la rétablir [e]. Dans le grand nombre de querelles où il s’est vu engagé, il n’y en a point de plus longue, ni de plus ardente, que celle qu’il eut avec M. Voëtius (H). Il en eut une qui fut bien chaude, mais non pas de longue durée, contre M. Daillé. J’en parle ailleurs [f]. Si je ne me trompe, le dernier adversaire qu’il ait combattu fut M. Witti-

  1. Intitulé Préservatif contre la révolte. Notez qu’en 1623 on imprima à son insu et sans y mettre son nom, un de ses Sermons de la prédestination, sur la IIe. à Timothée, c. II, vs. 12. Il a été réimprimé plusieurs fois.
  2. Tiré de sa Vie, imprimée dans l’ouvrage qui a pour titre : Effigies et Vitæ professorum academiæ Groningæ, imprimé à Groningue, l’an 1654.
  3. Et non pas l’an 1675, comme l’assure M. Hofman, et après lui Konig.
  4. Vitæ professor. Groning., pag. 153.
  5. Ibidem, pag. 152.
  6. Dans l’article Daillé, tom. V, pag. 353 et suiv., remarques (K) et (L).