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MARTYR. MARULE.

Galatin [1]. Matthieu Béroalde en avait parlé avant que le manuscrit de Toulouse fût connu à Scaliger. En voici la démonstration. Scaliger écrivait en l’année 1604, qu’il y avait vingt-un ans qu’il avait vu, à Toulouse, le Pugio fidei : il l’y avait donc vu l’an 1583. Or Béroalde publia sa Chronologie l’an 1575, et il remarqua par occasion que Galatin avait débité pour siens les écrits de Raymond Martini, après y avoir fait quelques changemens. Rapportons tout ce qu’il dit. Galatinus (ut hoc obiter moneam) Martini Raymundi scripta pro suis edidit, commutato rerum ordine et argumento nonnihil variato, ut plagii possit accusari Galatinus : quod planum me facturum spero si dederit Dominus, ut Pugionem ipsius Raymundi scriptum ad impiorum perfidiam jugulandam maximè autem Judæorum in lucem proferam. Is autem liber studiis hebraïcis maximè utilis pervenit ad me ex bibliothecâ Francisci Vatabli Mecænatis mei [2]. Ce passage nous apprend que Béroalde avait eu dessein de publier le Pugio fidei, et que son exemplaire venait de Vatable. C’est apparemment par le livre de Béroalde, que Possevin sut que Vatable avait possédé un tel manuscrit. En touchant cette particularité, il accuse Galatin d’être plagiaire [3]. Notez que les lettres de Scaliger ne sont devenues publiques qu’après l’impression de l’Apparat de Possevin, de sorte que voilà un second dénonciateur du plagiat avant Joseph Scaliger. J’ai observé que le Toppi, à la page 202 de sa Biblioteca Napoletana, donne à celui-ci la première découverte. Il se trompe donc.

  1. Primus Galatini furta subodoratus est. M. Carpzovius dit pareillement : Eique (Scaligero) gratias agere quod primus Galatini plagium prodidisset...Ex quo Scaliger Galatini furta primus subodoratus est. Introduct., p. 90.
  2. Peroaldus, in Chronico, cap. III, lib. II.
  3. Possev., Apparat. sacri, t. II, fol. 411.

MARTYR (Pierre), théologien protestant au XVIe. siècle. Cherchez Vermilli [* 1].

  1. * Bayle n’a pas donne cet article, dit Chaufepié, qui lui en a consacré un très-long au mot Martyr.

MARULE (Marc), natif de Spalato dans la Dalmatie, vivait au commencement du XVIe. siècle, comme on le remarque dans le Dictionnaire de Moréri. On n’y a pas bien donné le titre de l’un de ses livres [a]. C’est un ouvrage latin, qui a été traduit en français, et en quelques autres langues [b]. Le traducteur français fit une chose qui est assez singulière pour mériter d’être rapportée (A). Gesner confond ce Marule avec le poëte Marulle [c].

  1. Voyez la remarque.
  2. En espagnol et en allemand.
  3. Gesner., in Biblioth.. folio 495 verso. Ses abréviateurs n’ont pas corrigé cela. Voyez, tom. VIII, pag. 365, à la fin de la remarque (D) de l’article Innocent VIII, une pareille faute d’André Rivet.

(A) Le traducteur français fit une chose... assez singulière pour mériter d’être rapportée. ] Je l’ai apprise de Martin Delrio. Ce jésuite ayant censuré Bodin, qui approuve que les juges mentent pour faire avouer la vérité aux criminels, ajoute que Marc Marule est du même sentiment que Bodin ; mais que l’auteur de la traduction française de l’ouvrage de Marule a corrigé cette mauvaise doctrine. Il suppose que Marule enseigne tout le contraire, et il lui prête la réfutation du sentiment de Bodin. Fuit in sententiâ Bodini M. Marulus, lib. 4. de Instit. benè vivendi, cap. 4. Sed errore animadverso ejus interpres Gallicus planè contrariam Marulo sententiam tribuit ; et multas paginas, que non sunt Maruli, Marulo inseruit, dictorum ipsorum Maruli confutationem pro Maruli dictis continentes ; quam bono exemplo et prudenter ipse viderit [1]. Les traducteurs ont excédé si souvent leurs priviléges, qu’un lecteur est malheureux lorsqu’il ne peut pas apprendre les choses dans les originaux. C’est courir continuellement le risque d’être trompé. Voici de quelle maniè-

  1. Martinus Delrio, Diquisit. magicar., tom. III, lib. V, sect. X, pag. m. 74.