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MÉLAMPUS.

gination était si blessée, qu’elles croyaient être des vaches.

Prœtides implerunt falsis mugitibus agros :
At non tam turpes pecudum lamen ulla secuta est
Concubitus : quamvis collo timuisset aratrum,
Et sæpè in levi quæsisset cornua fronte [1].


Quoi qu’il en soit, les anciens rapportent qu’on employa des remèdes de religion pour guérir cette maladie. Pausanias conte que les filles de Prœtus se cachèrent dans une caverne, et que Mélampus les en tira par la force de quelques cérémonies secrètes, et de quelques expiations, et les fit venir à un village nommé Lusi, où il les guérit au temple de Diane. Ας ὁ Μελάμπους θυσίαις τε ἀποῤῥήτοις καὶ καθαρμοῖς κατήγαγεν ἐς χωρίον καλούμενον Λυσούς.... καὶ ἠκέσατο τῆς μανίας ἐν Ἀρτέμιδος ἱερῷ. Quas Melampus arcunis quibusdam sacris et expiationbus eduxit in vicum quos Lusos nuncupant.... et ab insaniâ liberavit in Dianæ templo [2]. Nous verrons ci-dessous [3] qu’il leur fit aussi prendre des remèdes.

(D) Les conversations qu’il eut avec des Phéniciens. ] Je veux dire avec Cadmus, et avec ceux qui l’accompagnèrent jusqu’en Béotie [4]. Observons deux fautes de Barthius : il dit que Plutarque assure que Mélampus enseigna aux Grecs plusieurs choses empruntées des Égyptiens [5]. Il est si faux que Plutarque dise cela, qu’au contraire il blâme Hérodote de l’avoir dit, et qu’il le taxe d’une maligne prévarication, comme ayant voulu dérober à la Grèce une partie de sa gloire [6]. Il faut savoir que les Grecs ne confessaient pas qu’en matière de religion ils eussent été les disciples des Phéniciens. Pausanias eut là-dessus une longue contestation avec un homme de ce pays-là [7]. La seconde faute de Barthius est de dire qu’Hérodote assure que Mélampus apporta d’Égypte les fêtes et le culte de Bacchus. De Bacchi sacris ex Ægypto in Græciam allatis ab Melampode, non tamen perfectis scribit etiam libro secundo Herodotus [8]. Il est faux qu’Hérodote dise que Mélampus ait voyagé en Égypte ; il suppose au contraire que Cadmus et ses compagnons, qui vinrent en Béotie, furent ceux qui instruisirent Mélampus. Il est bon de relever ces sortes de fautes, afin de faire connaître qu’il ne suffit pas d’avoir sous les yeux les auteurs qu’on cite, car si l’on n’examine de fort près jusqu’au moindre terme, on leur fait dire mille choses à quoi ils ne pensèrent jamais. Prenez bien garde que je ne nie pas absolument que notre devin ait voyagé en Égypte : je sais que les Égyptiens le prétendaient [9].

(E) On prétend qu’il entendait le langage des oiseaux, et qu’il apprenait d’eux ce qui devait avenir. ] J’ai déjà parlé de ceci en d’autres endroits [10] ; mais je veux qu’on voie ici les propres paroles d’Apollodore. Μελάμπους ἐπὶ τῶν χωρίων διατελῶν, οὔσης πρὸ τῆς οἰκήσεως αὐτοῦ δρυὸς, ἐν ᾗ ϕωλεὸς ὄϕεων ὑπῆρχεν, ἀποκτεινάντων τῶν θεραπόντων τοὺς ὄϕεις, τὰ μὲν ἑρπετὰ, ξύλα συμϕορήσας, ἔκαυσε· τοὺς δὲ τῶν ὄϕεων νεοσσοὺς ἔθρεψεν. οἱ δὲ, γενόμενοι τέλειοι, περιςάντες αὐτῷ κοιμωμένῳ τῶν ὤμων ἐξ ἑκατέρου, τὰς ἀκοὰς ταῖς γλώσσαις ἐξεκάθαιρον. Ὁ δὲ, ἀναςὰς, καὶ γενόμενος περιδεής, τῶν ὑπερπετομένων ὀρνέων τὰς ϕωνὰς συνίει· καὶ παρ ̓ ἐκείνων μανθάνων, πρὄυλεγε τοῖς ἀνθρώποις τὰ μέλλοντα· προσέλαϐε δὲ καὶ τὴν ἐπὶ τῶν ἱερείων μαντικήν, περὶ δὲ τὸν Ἀλϕειὸν συντυχὼν Ἀπόλλωνι, τὸ λοιπὸν ἄριςος ἦν μάντις. Melampus cùm ruri ageret, ac pro ipsius œdibus quercus esset, in eâque serpentium latebra esset, occisis à ministris serpentibus, cætera quidem reptilia congestis lignis concremavit, at serpentium pullos educavit : qui cùm ad justum corporis modum succrevissent, ipsum jam dormientent circumstabant, et ex utroque humero illius aures linguis extergebant. Tandem expergefactus, excitatusque,

  1. Virgil., eclog. VI, vs. 48.
  2. Pausanias, lib. VIII, pag. 252, 253.
  3. Dans la remarque (G).
  4. Herodot., lib. II, cap. XLIX.
  5. Barthius, in Statium, tom. II, p. 834.
  6. Plut., de Malignit. Herodoti, pag. 857.
  7. Pausanias, lib. VII, pag. 230. Voyez, tom. VIII, pag. 542, citation (87) de l’article Jupiter.
  8. Barthius, in Statium, tom. II, pag. 834.
  9. Diodorus Siculus, lib. I, cap. XCVI, pag. m. 83.
  10. Dans la remarque (C) de l’article de Cassandre, tom. IV, pag. 486, et dans la remarque (B) de l’article Tirésias, tom. XIV.