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MÉLANCHTHON.

l’on savait que Thiodamas était frère de l’aïeul d’Amphiaraüs ? Ajoutez à cela que Stace était le seul, si je ne me trompe, qui donne un tel fils à Mélampus. Les deux qu’Homère lui a donnés s’appellent Antiphatès et Mantius [1]. Pour dire ceci en passant, c’est de ce dernier que le père d’Amphiaraüs était fils, si nous en croyons Pausanias [2]. Mais la commune opinion est qu’Antiphatès fut père d’Oïclès.

  1. Homerus, Odyss., lib. XV, pag. m. 462.
  2. Pausan., lib. VI, pag. 195.

MÉLANCHTHON (Philippe), né à Bretten au palatinat du Rhin, le 16 de février 1497, a été l’un des plus sages et des plus habiles hommes de son siècle. Il donna sitôt des marques d’esprit, qu’on s’appliqua de très-bonne heure à son instruction : ce fut par le soin de son aïeul maternel beaucoup plus que par celui de son père (A). Il fit ses premières études dans le lieu de sa naissance, d’abord à l’école publique, et puis sous un précepteur, quand on eut appris que le maître de cette école avait la vérole [a]. Il fut envoyé quelque temps après à Pfortsheim où il y avait un collége renommé, et logea chez une parente qui était sœur de Reuchlin. Cela fut cause qu’il fut promptement connu de ce savant personnage, qui l’aima avec beaucoup de tendresse [b]. Avant demeuré là environ deux ans, il fut envoyé à Heidelberg [c], l’an 1509 [d], et y fit des progrès si considérables [e], qu’on lui donna à instruire les fils d’un comte [f] quoiqu’il fût encore au-dessous de quatorze ans. On a eu raison de le mettre parmi les enfans illustres (B). Fâché qu’on lui refusât à cause de son bas âge, le degré de maître en philosophie, et ne trouvant pas que l’air d’Heidelberg s’accommodât avec son tempérament, il quitta cette académie, l’an 1512, et s’en alla voir celle de Tubinge [g], où il s’arrêta pendant six années [h]. Il y entendit les leçons de toutes sortes de professeurs, et il y expliqua publiquement Virgile, Térence, Cicéron et Tite-Live ; et, comme il était fort laborieux, il trouva encore du temps pour servir Reuchlin dans ses querelles monacales, et pour diriger une imprimerie [i] (C). Il fut d’ailleurs très-attaché à la lecture de la parole de Dieu (D). Il accepta, en 1518, la chaire de professeur en langue grecque dans l’académie de Wittemberg, que Fridéric, électeur de Saxe, lui avait offerte à la recommandation de Reuchlin [j]. Il fit une si belle harangue inaugurale quatre jours après son arrivée, que non-seulement il effaça le mépris à quoi sa taille et sa mine l’avaient exposé, mais aussi qu’il donna de l’admiration [k]. Les leçons qu’il fit sur Homère et sur le texte grec de l’Épître de saint Paul à Tite, attirèrent une grande fou-

  1. Joach. Camerarius, in Vitâ Melanchthonis, pag. m. 5.
  2. Idem, ibidem, pag. 5 et seq.
  3. Idem, ibidem, pag. 10.
  4. Melch. Adam., in Vitis Theol. Germ., pag. 328.
  5. Idem, ibidem, pag. 329.
  6. C’était le comte de Léonstein.
  7. Melch. Adam., in Vitis Theol. Germ., pag. 329.
  8. Idem, in Vitis Philosoph., pag. 186.
  9. Idem, ibidem, et in Vit. Theol., p. 330.
  10. Camerar., in Vitâ Melanchth., p. 24.
  11. Melch. Adam., in Vitis Theologorum pag. 330.