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MÉLANCHTHON.

le d’auditeurs, et leur donnèrent un désir ardent de savoir la langue grecque [a]. L’un des plus grands services qu’il rendit aux sciences fut de les réduire en système [b], ce qui était alors difficile, vu la confusion avec laquelle on les enseignait depuis long-temps. Il se forma bientôt une liaison intime entre lui et Luther [c], qui enseignait la théologie dans la même université. Ils allèrent ensemble à Leipsic, l’an 1519, pour disputer avec Eccius. Les années suivantes furent une complication de travaux pour Mélanchthon : il composa quantité de livres, il fit des voyages pour des fondations de colléges, et pour la visite des églises [d] ; mais rien ne fut plus pénible que la charge qu’on lui donna, l’an 1530, de dresser une confession de foi. C’est celle qu’on nomme d’Augsbourg, parce qu’elle fut présentée à l’empereur dans la diète de cette ville-là. Toute l’Europe était convaincue qu’il n’était pas éloigné, comme Luther, des voies d’accommodement, et qu’il eût sacrifié beaucoup de choses au bien de la paix (E). C’est pour cela que François Ier. le jugea propre à pacifier dans son royaume les dissensions de religion, et qu’il le pria d’y venir (F). Le roi d’Angleterre souhaita aussi de le voir [e] ; mais ni l’un ni l’autre de ces deux monarques ne le virent. Comme je ne veux toucher qu’à quelques-unes de ses principales actions, je me contente de dire qu’en 1541 il assista aux conférences de Ratisbonne, où l’on agita vigoureusement les controverses des catholiques et des protestans ; et qu’en 1543 il fut trouver l’archevêque de Cologne, pour l’aider à introduire la réformation dans son diocèse. Cela ne servit de rien. L’affaire de l’Intérim l’occupa beaucoup. Il assista à sept conférences sur ce sujet, l’an 1548, et composa tous les écrits qui y furent présentés, et la censure de cet Intérim [f]. Il fut l’un des députés que Maurice, électeur de Saxe, devait envoyer au concile de Trente, l’an 1552. Il attendit quelque temps à Nuremberg son sauf-conduit ; mais à cause de la guerre qui allait éclore, il s’en retourna à Wittemberg [g]. Sa derniers conférence avec les docteurs de la communion de Rome fut celle de Worms, l’an 1557, et de toutes les dissensions qui lui déchirèrent le cœur, il n’y en eut point de plus violente que celle qui fut excitée par Flaccius Illyricus. Il mourut à Wittemberg, le 19 d’avril 1560, qui était le soixante-troisième jour de sa soixante-quatrième année [h]. Il fut enterré proche de Luther dans le temple du château, deux jours après. Son oraison funèbre fut prononcée par Winshémius, docteur en médecine et professeur en lan-

  1. Melch. Adam., in Vitis Theolog., pag. 330.
  2. Idem, ibidem, pag. 331.
  3. Camerarius, in Vitâ Melanchthon., p. 30, 31.
  4. En 1527.
  5. Melch. Adam., in Vitis Theologorum, pag. 336.
  6. Idem, ibidem, pag. 343.
  7. Idem, ibidem, pag. 313, 346.
  8. Ætatis suæ climactericum diebus LXIII egressus, lib. XXVI, sub finem, pag. m. 538. Du Rier, dans Teissier, Éloges, tom. I, pag. 183, traduit mal cela par il mourut le 63e. jour de son année climatérique.