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MELCHIORITES. MEMNON.

MELCHIORITES, secte imaginaire ; dont Pratéolus et le jésuite Gaultier ont grossi leurs catalogues d’hérétiques, le second sur la foi du premier, et celui-ci en copiant mot à mot les paroles de Lindanus. Ils prétendent que le fondateur de cette secte était l’anabaptiste Melchior Hofman, dont j’ai parlé en son lieu. Mais l’imprimeur du père Gaultier, ayant mis Hosmannus, au lieu de Hofmannus, a été cause que M. Moréri nous a donné [a] un hérésiarque chimérique nommé Melchior Hosman. C’est ainsi que les fautes d’impression multiplient les personnes. S’il avait lu l’écrivain qu’il cite [b], il auroit peut-être évité la faute.

  1. Sous Melchior.
  2. Il cite Pratéole V. Melch. Or il y a dans Pratéole Melchiore Hofmanno, et non pas Hosmanno. Notez que dans l’édition de Paris. 1699, au lieu de V. Melch., on a mis Vit. Melch. C’est une faute : la lettre V signifie Voce, et non pas Vita.

MEMNON, général d’armée de Darius, dernier roi de Perse, était de l’île de Rhodes. Il entendait parfaitement bien la guerre, et il donna à son maître les meilleurs conseils qui lui pouvaient être donnés dans la conjoncture de l’expédition d’Alexandre. S’il avait vécu encore quelques années, la fortune de ce conquérant aurait été moins rapide, et peut-être même que les choses eussent tout-à-fait changé de face. Son dessein était de porter la guerre dans la Macédoine (A), pendant que les Macédoniens la faisaient au roi de Perse dans l’Asie. Il avait déjà fait de beaux exploits dans l’île de Lesbos, qui avaient fort ébranlé les autres îles ; et il semait la discorde parmi les Grecs, afin d’y faire un parti contre Alexandre. Sa mort dissipa ce grand projet. Il eut avantage de connaître par la conduite d’Alexandre à son égard (B), qu’il était fort estimé, et même fort redouté de ce grand monarque. Il fit très-bien son devoir à la journée du Granique [a], où les Perses eurent le malheur de n’empêcher pas que l’ennemi ne passât cette rivière, et ne gagnât la bataille. Il se signala ensuite à la défense d’Halicarnasse [b]. Il fit l’action d’un honnête homme et d’une belle âme, lorsqu’il châtia un soldat qui médisait d’Alexandre (C). Sa veuve fut la première femme que ce conquérant connut (D). M. Moréri s’est mal exprimé (E), en voulant faire mention du conseil que ce général donna, de ruiner tout le pays par où il fallait que les troupes ennemies prissent leur marche. Je ne dois pas oublier que Mentor, frère de Memnon, rendit de très-grands services au roi Artaxerxès Ochus, et qu’il en fut bien récompensé [c]. Il remit son frère et son beau-frère [d] dans les bonnes grâces de ce monarque ; car il les fit rappeler de la cour de Macédoine où ils s’étaient réfugiés, après avoir mal réussi dans une guerre civile [e].

  1. Il commandait l’aile gauche dans ce combat. Diodor. Sicul. lib. XVII, cap. XIX.
  2. Idem, ibid., cap. XXIV, et seq.
  3. Voyez Diodore de Sicile, livre XVI.
  4. Il se nommait Artabaze il avait épouse da sœur de Memnon, et en avait eu onze fils, et dix filles. Diodorus Siculus, lib. XVI, cap. LIII.
  5. Idem, ibid.