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MICRÆLIUS.

de fortuito, ce qui a été corrigé dans l’édition de Hollande par ludendo. Au reste, je mets par tout Micyllus, quoique je sache que d’Ablancourt, qui a dit Micyle dans sa traduction de Lucien, a été approuvé par M. Ménage [1]. Si j’avais été condamné en cela par ce savant homme, je ne l’aurais pas été quant à l’orthographe ; car je ne dis pas Mycillus, comme l’écrivent la plupart des auteurs allemands en parlant de Jacobus Micyllus ; en quoi ils ont d’autant plus de tort, dit-il, que ce nom lui a été donné pour avoir bien représenté, étant écolier, le personnage de Micyle du coq de Lucien. M. Ménage n’est pas le seul qui ait dit que Micyllus était alors écolier [2] : je trouve cela assez apparent ; mais il n’est pas trop aisé de l’accorder avec ce qui a été rapporté ci-dessus, que la pièce fut jouée à Francfort ; car on ne voit pas que Micyllus y ait étudié. Melchior Adam le fait passer de Strasbourg aux plus célèbres universités d’Allemagne.

(B) Il retourna à Heidelberg. ] Melchior Adam ne marque le temps de ce retour que par ces deux caractères, la guerre de Smalcalde, et la réception de l’évangile dans Heidelberg. Donec sub bellum Smalcaldicum cùm variis Germania concuteretur motibus, atque Heidelbergæ Evangelii doctrina reciperetur, eodem ad græcanicæ linguæ professionem accersitus rediit. Cela signifie l’an 1546, ou l’an 1547, et s’accorde avec la note marginale où cet auteur dit que Micyllus fut vingt ans au service de la ville de Francfort, et plus de dix, quoiqu’avec interruption, au service des électeurs palatins.

(C) Il mourut le 28 de janvier 1558. ] Cela montre que Jean Hagius, qui dit [3] que Micyllus, Mélanchthon, et Lotichius Sécundus étaient morts dans la même année, s’est trompé. Il ne le devait dire que des deux derniers ; car il est vrai qu’ils moururent en 1560. Moréri ne s’est trompé que dans le jour ; il veut que Micyllus soit mort le 23 de janvier. Apparemment le duodetrigesimo de Melchior Adam l’avait éblouï.

(D) Il a été un des meilleurs poëtes... de son temps en Allemagne. ] Cela n’empêche pas que les critiques ne remarquent bien des défauts dans ses vers, et même des fautes contre la quantité. Voyez la Censure, ou la Promulsis critica de Jean Pierre Lotichius, au chapitre XIV, où il s’est glissé une faute d’impression concernant l’année de la naissance de Micyllus m. d. liii. au lieu de m. d. iii. Nous apprenons là même que Micyllus, à l’exemple des plus grands poëtes de l’antiquité, eut très-peu de part aux faveurs de la fortune : Variam ac novercantem, dum viveret, expertus fortunam.... quæ sors illi cum majorum gentium veteribus poëtis fuit communis.

(E) Je dirai quelque chose de ses ouvrages. ] Son traité de Re metricâ est un chef-d’œuvre, à ce qu’en dit Mélanchthon. Voici comme il en parle [4] : De Re metricâ exstant eruditissimi et consummatissimi libri tres Jacobi Micylli, quo nemo latiné scripsit prosodiam eruditiùs aut diligentiùs. Ses autres ouvrages sont des notes sur Ovide [5], et sur Lucain ; la traduction de quelques pièces de Lucien avec des scolies ; des notes sur la Généalogie des Dieux composée par Bocace ; plusieurs vers grecs, et latins ; une traduction de Tacite en allemand ; Arithmeticæ logisticæ libri duo, etc. [6].

  1. Observations sur la Langue française, Ier. vol., pag. 346.
  2. Vossius, de Scient. Mathem., pag. 78. Teissier, Addit., tom. I, pag. 139. Konig, Bibl., pag. 540.
  3. In Vitâ Lotichii Secundi, pag. 69.
  4. Apud Melchior. Adam., pag. 181 Philos. German.
  5. L’Épitome de la Bibliothéque de Gesner excepte les Métamorphoses ; mais on voit dans le Catalogue d’Oxford les notes de Micyllus sur les quinze livres des Métamorphoses.
  6. Voyez le titre de ses autres ouvrages, dans l’Épitome de la Bibliothéque de Gesner.

MICRÆLIUS (Jean), professeur en théologie à Stettin, naquit à Cuslin en Poméranie, le 3 de septembre 1597. Il commença ses études dans le collége de sa patrie, et dès l’an 1614, il les continua à Stettin, sous Daniel Cramer qui y enseignait la théologie [a], et sous Joachim

  1. Il fut ensuite surintendant des églises de Poméranie.