Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
429
MICYLLUS.

maria l’an 1586. Le contrat de ce second mariage est daté du 27 de septembre, comme nous l’apprend M. Guichenon. Je voudrais qu’il eût été pour le moins aussi soigneux de marquer le jour natal des personnes, que le jour des mariages et des testamens. L’un ne lui eût pas été plus difficile que l’autre à l’égard de la famille de M. de Méziriac : il connaissait le fils de ce savant homme ; c’est par lui apparemment qu’il recouvra les Mémoires qui lui ont appris ce qu’il rapporte de cette famille. Pourquoi ne lui demandait-il pas les jours de naissance ? S’il l’avait fait nous saurions certainement combien a vécu l’académicien dont nous parlons [* 1].

  1. * Leclerc dit que Méziriac mourut le 26 février 1638, à cinquante sept ans. Cette date est donnée par l’auteur des Éloges de quelques Auteurs français, Dijon, 1742, in-8o. Méziriac était né le 9 octobre 1581.

MICYLLUS (Jacques), né à Strasbourg le 6 d’avril 1503, tient un rang bien honorable parmi les savans de son siècle. Il étudia dans les plus célèbres académies d’Allemagne ; et il passa près de cinq ans à celle d’Erford où il lia avec Joachim Camérarius une amitié très-étroite, qui a duré autant que sa vie. Son nom de famille était Moltser [a]. Celui de Micyllus lui fut donné, parce qu’il soutint admirablement le personnage de Micyllus (A) dans une représentation de théâtre, où l’on récitait devant un grand nombre d’auditeurs un dialogue de Lucien [b]. Il fut connu de bonne heure pour un sujet propre à faire fleurir un collége ; car dès l’an 1527, il enseignait la langue latine et la langue grecque dans celui de Francfort. Il s’en acquittait si bien, qu’on jeta les yeux sur lui à Heidelberg, pour la profession de la langue grecque, l’an 1532. Il y alla, mais il n’y demeura guère ; car les magistrats de Francfort l’ayant rappelé, il fut reprendre dans leur ville son premier poste. Il retourna à Heidelberg (B), lorsque la réformation y fut reçue [c] ; et il y enseigna publiquement la langue grecque, et chez lui la langue latine, avec beaucoup de succès, jusques à sa mort, qui arriva le 28 de janvier 1558 (C). Il n’y avait pas long-temps qu’il avait conféré avec Melanchthon, qui était venu à Heidelberg, à la prière de l’électeur Othon Henri, pour concerter les nouveaux statuts de l’académie. Micyllus a été un des meilleurs poëtes qui fussent de son temps en Allemagne (D). Il eut quantité d’enfans ; mais il ne laissa que deux fils, dont l’un étudia en droit et fut chancelier de l’électeur palatin ; l’autre fut tailleur de son métier dans Heidelberg [d]. Je dirai quelque chose de ses ouvrages (E).

  1. Moréri dit Moltzel ; M. Teissier, dans ses Additions à M. de Thou, Melcher ; Konig, dans sa Bibliothéque, Motzlérus.
  2. Celui qui a pour titre Somnium seu Gallus.
  3. C’est-à-dire l’an 1546 : ex Sleidano, lib. XVI.
  4. Tiré de Melchior Adam, in Vitis Philosophor.

(A) Il représenta... le personnage de Mycillus. ] Hagius, dans la vie de Pierre Lotichius, parle assez exactement de cette aventure ; mais au lieu de dire qu’il la tient d’un homme qui en avait été le spectateur à Francfort (c’était Jean Lonicérus, professeur en grec à Marpourg), il devait citer Micyllus lui-même [1], comme a fait Melchior Adam.

Fortuito quondam Micylli nomina casu
Repperi, et in mores transiit ille meos.


Il y a dans Moréri fortitudo, au lieu

  1. Lib. I Sylvarum.