ex sideribus vaticinantem cùm sæpiùs comperisset, ac crebrò ejus operam feliciter atque utiliter expertus esset, multis eum meritis sibi planè addixit, hocque agitaverat animo, et ipsâ re jam satagebat eum astrologum inter aulica ministeria constituendum esse, qui primario medicorum regis come esset adjumento futurus, et quidem ex Galeni [* 1] placito. Morin ayant fait savoir que Louis XIII était menacé de quelque malheur, on représenta à ce prince de ne sortir pas ce jour-là. Il ne sortit point toute la matinée, mais s’ennuyant après dîner il voulut sortir pour prendre quelques oiseaux, et il tomba. Que Morin ne le sache pas, dit-il, car il en serait trop glorieux. Pomeridiano tempore contineri pertæsus aviculis poni retia jubet, dumque ipse attentiùs ea tenderet non advertens concidit, fune arctiùs tibiis alligato, qui scindi nec mora debuit. Rex assurgens : cavete, inquit, Morinus, nesciat, nimiùm ex casu meo tumoris admitteret [1]. Le cardinal de Richelieu voulant savoir si Gustave-Adolphe vivrait long-temps, envoya l’heure de la naissance de ce prince à Morin, qui ne se trompa que de peu de jours à marquer la mort de ce grand guerrier ; et cette méprise vint de ce que l’heure n’avait pas été marquée dans toute la précision ; il y manqua quelques minutes [2]. À propos de quoi l’on nous parle de l’épée de Gustave, qui tomba entre les mains de Morin ; on nous décrit les figures que cet astrologue y observa, car il se connaissait en talismans. On ajoute que le cardinal de Richelieu se trouva très-bien des avis de notre Morin, par qui il avait fait faire son horoscope [3], et qu’il ne partit pas pour le voyage de Perpignan sans consulter cet oracle astrologique qui ne se trompa que de dix heures sur la mort de son éminence [4]. Ayant vu la figure de la nativité de Cinq-Mars, sans savoir de qui elle était, il répondit que cet homme-là aurait la tête tranchée. Je laisse quantité d’autres exemples dont on donne là le catalogue ; et je me contente de dire que l’on insinue que les plus grandes objections qui lui étaient faites consistaient à dire qu’il s’était trompé de six jours sur la mort de Louis-le-Juste [5], et de seize sur la mort du connétable de Lesdiguières [6], et qu’il n’avait point donné à sa bienfaitrice Marie de Médicis les secours qui lui étaient nécessaires ; car au contraire cette bonne reine se plaignait que les astrologues étaient la cause de ses malheurs. On répond sur ce dernier chef, que jamais Morin n’avait consulté les astres sur le destin de cette reine, et qu’ayant eu ordre de le faire peu de jours avant qu’elle sortît du royaume, il n’eut pas le temps d’achever sa composition ; la reine partit sans en avertir Morin, et sans attendre que son horoscope fût fait. Cur amabo siderum ille adeò peritus, et per ea rerum futurarum acerrimus indagator, dominam suam Mariam Medicæam meritam de ipso quam obtimé nullâ opitulatione ab stellis obtentâ juvit ? Sic aiunt æmuli : nonne sæpius, exaggerant iidem, de suis faticanis astrologis conquesta est, se tanquam à præstigiatoribus deceptam in tot calamitatum incidisse voragines, undè emergere nequiverit ? Enim verò quidnam isti caperatâ fronte censores dicturi sunt, ubi audierunt reginæ hujus nativitatem nunquam à Morino exploratam, fuisse ? cùm tamen paucis antè diebus quàm ad exteros se fugâ reciperet, id ipsum fieri jusserit, astrologo autem Morino non admonito re infectâ discessisse [7] ? Nous parlerons ci-dessous de ses prédictions contre Gassendi. Je suis sûr que les personnes les plus incrédules seront bien aises de trouver ici les faits que je viens de rapporter, car ils prouvent que les plus grands hommes d’état se laissent infatuer de l’astrologie judiciaire, et que même dans le XVIIe. siècle on n’a pas été exempt de cette folie à la cour des plus grands princes de l’Europe [8]. La reine Christine voulut voir Morin, quand elle fut à Paris la première fois, et
- ↑ (*) Lib. 3, de Diebus decretoriis.