homet est le bien-aimé de Dieu : et cela étant arrivé de la façon qu’il avait proposé, il remercia soudain la divine bonté d’un témoignage si remarquable, et pria tout le peuple qui le suivait de combler à l’heure même ce puits, et de bâtir au-dessus une petite mosquée pour marque d’un tel miracle. Et par cette invention ce pauvre domestique fut incontinent assommé, et enseveli sous une grêle de cailloux, qui lui ôtèrent bien le moyen de jamais découvrir la fausseté de ce miracle ;
Excepit sed terra sonum, calamique loquaces[1]. »
On a oublié de nous apprendre comment
le public a su que Mahomet
suborna cet homme. Que n’a-t-on eu
l’industrie de supposer que ce misérable
avait révélé tout le secret à sa
femme, qui ne manqua pas de le dire
à ses voisines, et aux passans, dès
qu’elle eut appris la fin tragique de
son mari ? Les mots latins que Naudé
cite ne sont qu’une ingénieuse application
d’une circonstance de la fable
de Midas ; mais elle n’éclaircit rien,
et insinue qu’on ne s’est jamais avisé
d’inventer un dénoûment, ou une
cause de la découverte du pot aux
roses. Quant au pigeon dont parle
Naudé, je dois dire que Pocock, ayant
lu ce conte au VIe. livre de Grotius,
de Veritate Religionis Christianæ
[2], pria Grotius de lui marquer
d’où il avait pris une telle chose, qui
ne se trouve dans aucun auteur arabe.
On lui répondit qu’on ne l’avait débitée
que sur la foi des auteurs chrétiens.
Grotius nonnulla recensens
columbæ ad Mohammedis aurem advolare
solitæ meminit ; cujus cùm
nullam apud eos mentionem repererim,
ac clariss. virum eâ de re consulerem,
se in hoc narrando non
Mohammedistarum, sed nostrorum
hominum fide nixum, dixit, ac præcipué
Scaligeri, in cujus ad Manilium
notis idem narratur[3]. Voyez la
remarque (DD).
(X) On a dit... qu’il a été cardinal. ] « Benvenuto da Imola le dit expressément en ses Commentaires sur Dante[4]. » Ce qui n’est pas moins absurde que ce qu’a dit le glossateur du Droit Canonique, que Mahomet a été le chef des nicolaïtes. Glossatorem autem Corporis Canonici qui Nicolaum Mahometum fuisse dicit æquè absurdum esse notat ac Benevenutum Imolensem, qui Mahometum sanctæ romanæ ecclesiæ cardinalem fuisse asserit[5].
(Y) Il y a eu... quelques docteurs qui l’ont pris pour l’Antechrist. ] Voyez la Dissertation intitulée : Anti-Christus Mahometes, ubi non solùm per Sanctam Scripturam, ac reformatorun testimonia, verùm etiam per omnes alios probandi modos et genera, plenè, fusè, invictè, solidèque demonstratur MAHOMETEM esse unum illum verum, magnum, de quo in sacris fit mentio, Anti-Christum. Elle fut imprimée[6] l’an 1666. Corneille Uythagius, docteur en théologie, qui en est l’auteur, et qui témoigne beaucoup de zèle contre le papisme, assure dans sa préface, qu’il ne fait que développer et que prouver les sentimens de quelques réformateurs. Sunt, semperque fuerunt, dit-il, qui Mahometem pro Anti-Christo illo magno agnoverunt, et per Babylonem civitatem illam magnam Apoc. cap. 17, nobis descriptam, Constantinopolim, Romam novam intellexerunt, inter quos sunt, antiquissimus theologorum Arethas Cæsareæ Cappadociæ episcopus : Angelus Græcus, qui Constantinopoli vixit : Cælius secundus curio : Wenceslaus Budowez Cæsaris consiliarius, qui aliquamdiù Constantinopoli degit : Boskhierus ; et inter nostros reformatos magnus ille Melanchthon, Bucerus, Musculus, Zanchius ; et si qui cùm recentiores ; tùm antiqui cum illis. M. de Meaux nomme d’autres écrivains qui sont de ce sentiment. Voici ses paroles : « S’il fallait tout réserver à la fin du monde, et au temps de l’Antechrist, au-
- ↑ L’histoire de cet homme, accablé de pierres dans un puits, se trouve dans un autre livre de Naudé, savoir, dans l’Apologie des grands hommes accusés de Magie, pag. 232, 233.
- ↑ Pag. m. 202.
- ↑ Eduard. Pocockius, Not. in Specim. Histor. Arabum, pag. 186, 187.
- ↑ Naudé, Dialogue de Mascurat, pag. 45.
- ↑ Thomas Ittigius, de Hæresiarchis ævi Apostolici, apud Acta Eruditor. Lips, ann. 1690, pag. 307, 308.
- ↑ À Amsterdam, apud Joannem Ravesteyenium, in 12.