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NÉMÉSIUS.

Nazianzenus et Cyrillus ; quorum alter haud paucis post Juliani obitum annis vixit, ac scripsit, alter æqualis quidem fuit illius. Sed eo mortuo στηλιτευτικοὺς illos duos conscripsit, ex quibus, cæterisque fide dignioribus liquet ; fuisse imperatorem istum multis, verisque vitiis præditum, etc. Cunéus aurait pu répondre aux autres plaintes mordantes du père Pétau ; mais il eût été contraint de passer condamnation à l’égard de celle-ci.

(B) Quelques critiques… prétendent qu’il a corrompu la pureté de la langue grecque, et donné lieu à la barbarie des théologiens latins.] J’ai lu cette plainte dans un ouvrage d’Alcyonius. Vous y trouverez un bel éloge de saint Grégoire, mais qui finit par ces termes [1] : Utinàm incorruptam græcæ linguæ integritatem servâsset in tantâ rerum silvâ et tam magnâ librorum vi, certè sanctissimum illum pontificem omni laude cumulatum judicarem… ex illius maximè scriptis barbariem irrepsisse in theologiam latinam arbitror. Nam veteres nostri interpretes mediocris litteraturæ, nullius ferè judicii homines cum animadverterent theologum hunc frequenter usurpare voces quasdam novas easque non satis aptè fictas, necesse sibi esse crediderun illas latinè reddere atque hunc in modum sordidâ barbarie est lingua latina infuscata. C’est le cardinal Jean de Médicis qui parle.

(C)Et se plaignirent de ce qu’on substitua ses vers grecs aux poésies des anciens païens, brûlées à l’instigation des prêtres.] Continuons d’entendre le même Jean de Médicis. Audiebam etiam puer ex Demetrio Chalcondylâ græcarum rerum peritissimo, sacerdotes græcos tantâ floruisse auctoritate apud Cæsares Byzantios, ut integrâ illorum gratiâ complura de veteribus Græcis poemata combusserint inprimisque ea ubi amores, turpes lusus, et nequitiæ amantum continebantur, atque ita Menandri, Diphili, Apollodori, Philemonis, Alexis fabellas, et Saphiîs, Erinnæ, Anacreontis, Mimnermi, Bionis, Alcmanis, Alcæi carmina intercidisse. Tùm pro his substituta Nazianzeni nostri poemata ; quæ excitant animos nostrorum hominum ad flagrantiorem religionis cultum, non tamen verborum atticorum proprietætem et græcæ linguæ elegantiam edocent. Turpiter quidem sacerdotes isti in veteres Græcos malevoli fuerunt, sed integritatis, probitatis, et religionis maximum dedere testimonium [2].

  1. Petrus Alcyonius, in Medico legato priore folio ciii verso.
  2. Idem, ibidem.

NÉMÉSIUS, philosophe chrétien, auteur d’un livre de Naturâ hominis (A). On prétend qu’il a été évêque d’Émèse, ville de la Phénicie, et qu’il a vécu vers la fin du IVe. siècle : d’autres le font fleurir cent ans après [a]. Il était dans les erreurs d’Origène touchant la préexistence des âmes, et touchant le franc arbitre de l’homme, et il dispute contre la fatalité des stoïques avec beaucoup de force. Quelques-uns ont cru que saint Grégoire de Nysse est le véritable auteur de l’ouvrage qui court sous le nom de Némésius [* 1], mais leurs raisons ne sont pas bien fortes [b].


(A) Il est auteur d’un livre, de Naturâ hominis.] La première édition grecque est celle d’Anvers chez Plantin, l’an 1565, in-8o. Nicasius Ellébodius Caslétanus [1], qui la procura,

  1. * Chaufepié s’étonne que Bayle n’ait dit que l’ouvrage de Némésius est dans les anciennes éditions latines des œuvres de Grégoire, sous le titre de : Libri octo de Philosophiâ. Il ajoute que Bayle, qui rapporte l’accusation intentée à Némésius à l’égard de la préexistence des âmes, aurait dû aussi rapporter ce qu’on allègue pour justifier ce philosophe. Mais Chaufepié présume que Bayle n’avait pas l’ouvrage de Némésius, du moins l’édition d’Oxford, qu’on croit donnée par le docteur Fell, qui justifie son auteur d’une manière sans réplique.
  1. Voyez M. Dupin, Biblioth., tom. III, part. II, pag. 280, édit. de Hollande.
  2. Voyez Théoph. Raynaud., Erotem. de malis ac bonis Libris, num. 339, pag. m. 150.
  1. Voyez, touchant cet auteur natif de Cassel en Flandre, la Bibliothèque belgique de Valère André, pag. 678 ; et Moréri, au mot Ellébodius.