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PÉRIERS

(T) Les garces..... firent un gain si considérable qu’elles bätirent....... le temple... de Vénus... des Marais. ] Athénée est l’auteur qui nous apprend ces particularités. Ἀλέξις δ᾽ ὁ Σάμιος, dit-il, ἐν δευτέρῳ ὅρων Σαμιακῶν τὴν ἐν Σάμῳ Αϕροδίτην, ἣν οἱ μὲν ἐν Καλάμοις καλοῦσιν, οἱ δὲ ἐν Ἕλειατικαῖς, ϕησὶν, ἑταῖραι ἱδρύσαντο αἱ συνακολουθήσασαι Περικλεῖ, ὅτε ἐπολιόρκει τὴν Σάμον, ἐργασάμεναι ἱκανῶς ἀπὸ τῆς ὥρας. Alexis Samius libro secundo de Samiorum finibus, scribit, ædem Veneris in Samo, quam in arundinibus quidam vocant, ali in palustribus, meretrices Periclem secutas, cùm obsideret Samum, ædificâsse, ingenti quæstu prostitutâ formâ ditatas [1]. Admirons ici l’aveuglement de l’esprit humain : voilà des prostituées conscientieuses qui consacrent à la religion une partie considérable de l’argent qu’elles ont gagné par leurs infâmes débauches. À qui les peut-on mieux comparer qu’à ces financiers qui, après s’être enrichis du sang et de la sueur des peuples, font bâtir une chapelle magnifique, et décorent de leurs offrandes le maître-autel de la cathédrale ?

Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère
Alidor à ses frais bâtit un monastère ;
Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis,
Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis :
C’est un homme d’honneur, de piété profonde,
Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde [2].


Tous les païens n’ont pas manqué dé discernement comme ceux de Samos. Croyez-vous que l’empereur Alexandre eût voulu permettre que les courtisanes de Rome employassent une partie de leur gain à la construction d’un temple ? il ne voulut pas même souffrir que le tribut des femmes publiques, et des maquereaux, fût porte dans son épargne : il ordonna qu’on le fît servir aux réparations de l’amphithéâtre, etc. Lenonum vectigal et meretricum, et exoletorum in sacrum ærarium inferri vetuit, sed sumptibus publicis ad instaurationem theatri, circi, amphitheatri, et stadii deputavit [3].

    33, 34, edit. Noriberg., 1663. Ce qu’il dit de Démosthène est dans Plutarque, in Vitâ Demosthenis, pag. 858, B.

  1. Athenæns, lib. XIII, cap. IV, p. 572.
  2. Boileau, sat. IX, vs. 159.
  3. Lampridius, in Alexandro Severo, cap. XXIV, pag. m. 917, 918, tom. I Histor. Augustæ Scriptor.

PÉRIERS (Bonaventure des), natif de Bar-sur-Aube en Bourgogne [* 1], fut valet de chambre de Marguerite de Valois, reine de Navarre, et sœur de François Ier. [a]. On a de lui un volume de poésies françaises, qui fut imprimé après sa mort, à Lyon, par Jean de Tournes, l’an 1544, in-8o., et la traduction [b] de l’Andria de Térence [c], et plusieurs contes en prose, sous le titre de Nouvelles Récréations [d], (A). Je n’ai jamais vu son Cymbalum mundi qui est, dit-on, un ouvrage très-impie (B). Il fit une malheureuse fin, car il se tua avec une épée qu’il se mit dans le ventre étant devenu furieux et insensé [e]. Divers auteurs parlent de ce désespoir (C). M. Allard débite que notre Bonaventure s’appelait Périer, et qu’il était de l’Ambrunois, et qu’il a écrit en vers une apologie pour Marot absent, contre Sagon, l’an 1580. [f]. Il est sûr qu’il fit cette apologie, mais non pas cette année-là : il était mort avant l’année 1544.

  1. * Il était d’Arnay-le-Duc, disent Joly et tous les auteurs.
  1. La Croix du Maine, Biblioth. Franç., pag. 36.
  2. En vers français.
  3. Du Verdier Vau-Privas, Bibliothéque Franç., pag. 131.
  4. La Croix du Maine, Biblioth. Franç., pag. 36.
  5. La Croix du Maine, Biblioth. Franç., pag. 37.
  6. Allard, Biblioth. de Dauphiné, pag. 172.

(A) On a de lui...... plusieurs contes en prose sous le titre de Nouvel-