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SCOT.

ble de réveiller la nature la plus endormie. Il mettait dans cette classe quelques commentaires de Scaliger ; et leur texte. [1] Vos autem capulares illi, vieti, edentuli, et jam diù Acheronti debiti, si jam vos opus perdere et tanquam caballos in clivo non facere pudet, ut Satyrion compendi faciatis, familiaris hujus mei auctores, in eosdemque notas legite,

..........Accendi queis frigidus ævo
Laomedontiades aut Nestoris hernia possit [2].


Et comme il ne laissait échapper aucune occasion d’insulter ce grand personnage, il lui reproche d’avoir méprisé le jugement de son père en commentant certains auteurs. Je rapporte ses paroles, afin qu’on voie que, sur le chapitre des obscénités, il y a partage de sentimens jusques dans une même famille, entre les grands hommes en savoir et en vertu. [3] Cùm pater tuus obscænos et immemorabiles Ausonii, Martialis, similiumque poëtarum versus negârit à critlico censendos, atque adeò ne legendos quidem omninò, aut audiendos, sed detestandos et flammis expiandos, et pro signis Priapi, adeòque pro libris honori ejus scriptis, sanctorum imagines à nobis habendas esse contenderit...... [4] Tu exortus es homo sanctissimus et castitatis ac puditiæ exemplar atque specimen, qui non modò illum ipsum censurâ patris tui notatum Ausonium, sed hoc etiam Burdigalensi Triphallo nihilo deterius mutoniatos Catullum, Tibullum, Propertium, et Priapeiorum versuum scriptores, magnâ temporis curæque impensâ à te recensitos, castigatos, nec pœnitendis (ut gloriaris) commentariis illustratos emittere et adolescentibus commendare auderes. Hoc, satis scio, nullo modo patri tuo probare posses.

  1. Idem, ibidem, folio 2 verso.
  2. Juven., sat. VI, vs. 323.
  3. Scioppius, Scalig. hypobol., folio 281 verso.
  4. Idem, ibid.

SCOT (Michel), savant personnage, et fort attaché aux mathématiques et à l’astrologie, a vécu au XIIIe. siècle. Il fut aimé de l’empereur Fridéric II, et lui dédia tous ses livres. On l’a mis dans le Catalogue des magiciens, et l’on conte qu’il priait souvent à dîner plusieurs personnes, sans faire apprêter quoi que ce fût, mais qu’ayant fait asseoir à table les conviés, il contraignait des esprits à lui apporter des viandes de toutes parts, et quand elles étaient arrivées, il disait à la compagnie : Messieurs, ceci vient de la cuisine du roi de France, et ceci de celle du roi d’Espagne ; cela vient d’Angleterre, etc. [a]. Merlin Coccaie s’est diverti à décrire ses enchantemens [b][* 1]. Le poëte Dante adopta l’erreur commune (A). Fions-nous plutôt à Jean Bacon, religieux carme, Anglais de nation, et le prince des averroïstes [c], qui cite [d] notre Michel Scot comme un grand théologien. Fions-nous plutôt aussi à Pitséus qui lui a donné beaucoup de louanges (B). Quoi qu’il en soit, on raconte que ce prétendu magicien prévit de quelle manière il mourrait, et qu’il désigna le lieu où l’empereur Frideric II perdrait la vie (C). Je dirai un mot de ses livres (D).

  1. (*) Dans sa XVIIIe. Macaronée. L’endroit commence par : Ecce Michaëlis de Incantu Regula Scoti. Rem. crit.
  1. Marcel, au chap. VIII de la Délectable Folie, pag. 123, édition de Lyon, 1650.
  2. Naudé, Apologie des grands Hommes, chap. XVII, pag. m. 496.
  3. Naudé, là même.
  4. Part. III Sentent., distinct. XXXIII.

(A) Le poëte Dante adopta l’erreur commune. ] Voici ses paroles, à la fin du chant XX de son enfer :

Quell’ astro, che ne’ fianchì è così poco,
Michele Scotto fu, che veramente
Delle magiche frode seppe il gioco.


C’est-à-dire selon la version de Grangier,

C’est autre qui aux flancs faict monstre si petite,