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SCRIBONIUS.

Fut Michel l’Escossois, lequel abondamment
Des charmes de magie ha l’art au cœur escripte.

(B) Pitséus lui a donné beaucoup de louanges. ] Il a dit expressément, qu’encore que Michel Scot ait été pris pour un magicien par la populace et vulgaire des ignorans, les sages en ont jugé néanmoins d’une autre manière. [* 1] Prudentum tamen et cordatorum hominam longè aliud fuit judicium, qui potiùs perspicax ejus in scrutandis rebus abditis admirabantur ingenium, laudabant industriam, quàm reprehendendam judicabant curiositatem, inspiciebantque hominis scientiam, non suspicabantur culpam [1]

(C) Il prévit de quelle manière il mourrait, et désigna le lieu où l’empereur Frideric II perdrait la vie. ] Un commentateur de Dante sera ici mon garant. « Michel l’Escossois, dit-il [2], vescut soubz l’empereur Federic II, et lui predit le lieu où il devoit mourir, qu’il disoit estre Florence. Enquoy le susdit empereur fut trompé à cause du nom equivocque. Car il ne mourut pas à Florence, ville capitale de la Toscane, mais en la Pouille à un chasteau nommé Fiorenzola. Ce magicien preveut que sa mort adviendroit par la cheute d’une pierre qui luy briseroit la teste. Ce qui ne faillit pas, pource qu’un jour, comme il estoit à l’église, la teste decouverte pour adorer le corps et sang de Jesus-Christ, la corde de la cloche que l’on sonnoit fit tomber une grosse pierre sur sa teste, et incontinent il jugea qu’il mourroit, ce qui arriva soudainement. »

(D) Je dirai un mot de ses livres. ] Il fit un Traité de la Physionomie, et un livre de Questions sur la Sphère de Sacrobosco, et une Histoire des Animaux [3]. Par le second de ces trois ouvrages, il devait paraître dans la grande liste de Vossius [4], néanmoins je ne l’y ai pas aperçu. Le Traité de Physionomie fut composé à la prière de l’empereur Frideric II. Je l’ai en italien, en voici le titre : Physionomia laqual compilò maestro Michael Scotto, a prieghi di Federico romano imperatore, uomo di gran scienza : ed è cosa molto notabile, e da tener secreta però che l’è di grande efficacia, e comprende cose secrete della natura, bastanti ad ogni astrologo : ed è diviso in tre parti. Il fut imprimé à Venise, per Marchio Sessa, lan 1533. C’est un in-8°. de sept feuilles.

  1. (*) Pitseus, 1 volum. de Rebus anglicis.
  1. Naudé, Apologie des grands Hommes, chap. XVII, pag. 498.
  2. Grangier, Commentaires sur l’Enfer de Dante, pag. 254, 255.
  3. Voyez Naudé, Apologie des grands Hommes, chap. XVII, pag. 496.
  4. Vossius, de Scient. mathem.

SCRIBONIUS (Guillaume-Adolphe), médecin et philosophe allemand, et auteur de divers ouvrages (A), était de Marpourg, et a vécu vers la fin du XVIe. siècle. Comme il avait beaucoup d’estime pour la méthode de Ramus, il publia des analyses logiques de quelques sciences, et je crois qu’il débuta par Rerum Physicarum juxta leges logicas methodica Explicatio. C’est un livre de 107 pages in-8°., imprimé à Francfort l’an 1577. Il fut un de ceux qui soutinrent qu’il faut punir les sorcières, et que l’épreuve de l’eau est légitime dans cette espèce de procès [a]. On peut voir dans les Nouvelles de la République des Lettres [b], que l’on réimprima en 1686, une lettre qu’il avait écrite sur cette question.

  1. Voyez Voëtii Disputat. select., tom. III, pag. 568, 573.
  2. Mois d’août 1686, art. II, pag. 890.

(A) Auteur de divers ouvrages. ] J’ai marqué dans le texte celui que je compte pour la première production. Il le fit réimprimer plus d’une fois, et l’augmenta notablement, de sorte qu’à l’édition de Bâle, 1583, il le divisa en trois livres. On le réimprima la même année, à Londres, avec son Isagogice sphærica methodicè proposita, in-8°. Sa physique fut réimprimée à Cambridge, cum Animadversio-