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ZUÉRIUS.

rien d’approchant. Son Histoire du siége de Bréda est d’une bonne latinité. Il composa divers traités qui se rapportent à la politique, comme l’Apologie des Navigations des Hollandais. Dissertatio de Trapezitis vulgò Longobardis, qui in Fœderato Belgio fœnebres mensas exercent Dissertatio de successione et jure primogenituræ adeundo principatu ad Carolun II Magnæ Britanniæ regem ; de Majestate liber singularis adversùs J. B. Cogitationes subitaneas, in præcedentem Dissertationem. Il paraît par cette dernière pièce que ce qu’il avait publié en faveur du roi d’Angleterre Charles II, fugitif de ses états, avait déplu à quelque républicain. On a un recueil de ses Disquisitiones politicæ, id est LX Casus politici ex omni historiâ selecti, imprimé l’an 1651, in-12. Il publia un bon nombre de harangues sur divers sujets, et depuis sa mort on a publié ses Ideæ Orationum ex selectiori materiâ moderni statûs politici desumptæ ; ses Institutiones politicæ ; ses lettres et ses poésies latines. Ce dernier ouvrage, imprimé en 1659, a été réimprimé en Allemagne l’an 1679, avec une préface qui mérite d’être lue. Jacques Thomasius, professeur à Leipsic, en est l’auteur.

(G)... et nommément sur l’invention de l’imprimerie. ] Il soutint que la gloire de cette invention est due à la ville de Harlem, et non pas à celle de Mayence, comme il l’avait cru autrefois. Cujus inventæ gloriam Harlemensibus, non Moguntinis, ut olim, nunc denuò assertum imus [1]. Sa Dissertation sur ce sujet fut imprimée l’an 1641 [* 1].

(H) Il étudia beaucoup les Origines Gauloises. ] Voici ce que son historien nous apprend : Nunc hisce finem imponerem, nisi paucis dicendum esset de iis, quæ super deâ Nehalemiâ [2] 1647, primùm in Walachriæ oris inventâ est commentatus, et indè ad Scythicæ gentis linguam, antiquitatem, et mores indagandos multa ingeniosè sanè scripsit et scripturivit non vernaculè modò, prout inceperat, sed et latinè : nominatim librum Originum Gallicarum [3], in quo Gallos à Germanis ortos ex veteri ipsorum linguâ asserere conatur, qui tamen non nisi à morte autoris et alia ejusdem, prodiit in lucem, obstetricante Georgio Hornio in professione historiarum non indigno successore. Il paraît par les lettres de Boxhornius, que son livre des Origines Gauloises était déjà sous la presse l’an 1648 [4], et qu’il y était encore l’an 1652 [5]. Il n’en parle que comme d’un opuscule [6] ; mais il a bonne opinion de son système : il espérait de prouver que les Grecs et les Romains devaient tout aux anciens Frisons [7]. Son Traité de Scythicis Originibus était achevé en 1647 [8], mais il eut cent choses à y ajouter ; car voici comme il parle dans une lettre qu’il écrivit à M. de Zuilichem, l’an 1652. De originibus nostris et sepultis hactenùs Scythicis antiquitatibus (nam et de iis quærere dignatus es) hoc est, utego accipio, Asiæ totius et Europæ, superbiùs et jactantiùs respondeo. Multa excussi diligenter, conquisivi multa, multa meditatus sum, multa etiam ignorata, feliciter, nisi fallor, tandem deprehendi : quæ aliquando judiciis sistere ac exponere tuo imprimis, quod scio esse et gravissimum pariter, et æquissimum, audebo [9]. Il avait publié en 1650 un discours latin, pour montrer la sympathie de la langue grecque, de la langue latine et de la langue allemande.

(I) Il avait travaillé à la Bibliothéque des Femmes illustres..... ; mais

  1. * Leclerc et Joly observent que Zuérius a changé de bien en mal, et reprochent à Bayle de n’avoir point de connaissance dans l’histoire de l’imprimerie. La fable de Harlem est tout-à-fait rejetée aujourd’hui, et c’est à Mayence qu’on attribue le berceau de l’imprimerie ; c’est du moins dans cette ville qu’a été imprimé le livre le plus ancien découvert jusqu’à ce jour.
  1. Boxhorn., Epistol., pag. 167.
  2. Il écrivit sur cette déesse deux Traités en langue flamande ; l’un fut imprimé l’an 1647, l’autre l’an 1648.
  3. Le titre de ce livre est Originum Gallicarum liber, in quo veteris et nobilissimæ Gallorum Gentis Origines, Antiquitates, Mores, et Linguæ aliaque eruuntur aut illustrantur. Cui accedit antiquæ Linguæ Britannicæ Lexicon Britannico-Latinum, insertis explicatisque passim Adagiis Britannicis. Prodiit Amst. apud J. Janss. 1654, 4.
  4. Epist. Boxhornius, page 291.
  5. Ibidem, pag. 315.
  6. Sub prælo jam est opusculum Originum Gallicarum. Ibidem, pag. 315.
  7. Ibidem, pag. 289.
  8. Ibidem.
  9. Ibidem, pag. 314.