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PAUL III. PAULICIENS.

PAUL III. Moréri et ses continuateurs disent simplement que le pape Paul III avait eu, avant son pontificat, un fils et une fille. Cette expression n’est pas assez précise ; il fallait dire que ce pape avait eu ces deux enfans d’un légitime [a] mariage, et cette déclaration était d’autant plus nécessaire que l’expression obscure de Moréri autorise l’opinion où sont la plupart des lecteurs que les enfans du pape Paul III n’étaient pas légitimes, et qu’ainsi la maison de Parme d’aujourd’hui vient des bâtards de la première maison Farnèse : cela est absolument faux. Alexandre Farnèse avait eu, avant d’être pape sous le nom de Paul III, Constance, qui épousa [b] Basio Sforce, II du nom, comte de Saint-Fiore, et Pierre-Louis Farnèse, qui fut d’abord duc de Castro, et ensuite de Parme et de Plaisance [1]. Le célèbre Alexandre Farnese, qui vint en France à la tête d’une nombreuse armée, était son petit-fils.

M. l’abbé Faydit, en parlant dans son nouveau livre de la mort tragique de Pierre-Louis Farnèse, qui était lié d’intérêt avec les Fiesques contre les Dorias, nomme ceux-ci Dauria, comme dans un autre endroit, parlant de l’abbé Cottin de l’Académie française, il le nomme Cautin. Ces sortes d’orthographes singulières ne servent qu’à défigurer les noms et à les rendre méconnaissables. M. de Thou, en les latinisant, les a corrompus, et d’autres les défigurent en les écrivant mal : les uns et les autres ne cherchent qu’à se [c] singulariser.

  1. Il eût été bon de donner ici les preuves du mariage contracté par Alexandre Farnèse avant qu’il eût embrassé l’état ecclésiastique ; de nommer la femme qu’il épousa ; de marquer le lieu et le temps, et de citer des auteurs dignes de foi : sans cela c’est en vain que l’on condamne ceux qui s’expriment comme Moréri. Rem. de M. Bayle.
  2. Il fallait dire Buoso, et, comme je l’ai déja marqué, nommer la femme dont Alexandre Farnèse avait eu cette fille et le fils duquel descendent les ducs de Parme. Cela était d’autant plus nécessaire qu’on avoue ici que la plupart des lecteurs croient que les enfans de Paul III n’étaient pas légitimes. Le Sansovino, fameux auteur italien au XVIe. siècle, dit expressément dans son livre des familles d’Italie, fol. 170, que Pierre-Louis Farnèse était fils naturel de Paul III. Il parle ainsi immédiatement après avoir donné de grands éloges à ce pape. Aurait-il ignoré le mariage qu’un homme d’une famille si distinguée, et qui, sous le caractère de cardinal, et ensuite sous celui de pape, se signale en tant de façons, aurait contracté ? M. l’abbé Faydit ubi suprà, pag. 376, assure que Pierre Aloise Farnèse était fils légitime d’Alexandre Farnèse qui, après la mort de sa femme, fut fait pape sous le nom d’Onuphre III, et ensuite sous le nom de Paul III. Notre auteur n’a eu peut-être que ce garant de mariage de ce pape. On les prie ici très-sérieusement l’un et l’autre de communiquer au public les preuves d’une chose aussi peu connue que celle-là. J’observe en passant que, selon le Sansovino ibid., Alexandre Farnèse prit d’abord le nom d’Honoré V : cela est plus vraisemblable que de dire qu’il prit celui d’Onuphre III, car il n’y a point eu de pape nommé Onuphre. Il eût donc fallu prendre le nom d’Onuphre Ier., et non pas le nom d’Onuphre II. Rem. de M. Bayle.
  3. Je crois que ceux qui orthographient mal les noms ne sont coupables que de paresse ou de mauvaise mémoire : je ne prétends pas pour cela les excuser. Rem. de M. Bayle.
  1. Dans l’édition de 1712 et suivantes on a mis que Paul III avait été marié avant que d’embrasser l’état ecclésiastique, et de son mariage il avait eu une fille nommée Constance, qui fut mariée à Bosio Sforce, IIe. du nom ; et un fils nommé Pierre-Louis Farnèse, qu’il fit duc de Parme. Mais on ne donne aucune preuve de son mariage. Nouv. Observ.

PAULICIENS. Moréri et ses continuateurs ne se trompent que d’environ un siècle sur le temps auquel ont vécu Paul et Jean,