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TAVERNIER. TETTI.

sur la difficulté, qui ne laisse pas de subsister malgré leur décision, et qui a même beaucoup de partisans [1].

  1. M. Bayle, à l’article de Sévère (Sulpice) remarque qu’on ne peut pas douter qu’il ne fût de la province d’Aquitaine ; mais qu’il n’est pas indubitable qu’il fût du diocèse d’Agen : et il met cette note à la marge : il dit que Phæbadius, évêque d’Agen, était son évêque. Cela ne prouve pas qu’il fût né dans ce diocèse. Voilà ce qui a fait dire à notre auteur qu’on avait déjà averti les continuateurs de Moréri, etc. Ils n’ont pas encore profité de la remarque de M. Bayle. Dans l’édition de 1725 on trouve que Sulpice Sévère était né à Agen dans l’Aquitaine, ou dans ce diocèse ; puisque, par son propre témoignage, Phæbadius d’Agen était son évêque. Nouv. Observ.
T.

TAVERNIER. L’éditeur a oublié, dans l’article de ce célèbre voyageur, de dire quelque chose des démêlés qu’il eut autrefois avec les auteurs hollandais. Il fut l’agresseur dans son Histoire de la conduite des Hollandais en Asie, et il y maltraita beaucoup les directeurs de la compagnie des Indes Orientales. L’auteur de l’Esprit de M. Arnauld vengea peu de temps après ces messieurs. M. Jurieu prit pour eux le fait et cause en main, et se déchaîna d’une manière tout-à-fait indigne contre le pauvre M. Tavernier, qui se trouva encore dans la suite mêlé dans la querelle du père le Tellier et de M. Arnauld. Ce voyageur ne parla pas des jésuites avec toute la modération qu’il devait dans les relations qu’il donna ; cette conduite lui attira quelques coups de plume dans la seconde partie de la Défense des nouveaux chrétiens, dont M. Arnauld à la vérité le vengea dans la suite dans son IIIe. tome de la Morale pratique [1]. Qui aurait jamais cru qu’un négociant eût été pour quelque chose dans la contestation de ces deux savans hommes ? Il me semble que ce fait, et le premier dont j’ai parlé, auraient assez embelli l’article Tavernier [2].

  1. Notre auteur a tiré tout ceci de M. Bayle. Nouv. Observ.
  2. Dans l’édition de 1725, où l’article de Tavernier est corrigé sur le Dictionnaire de M. Bayle, on parle du livre de ce voyageur touchant la conduite des hollandais en Asie : mais on n’y dit rien des plaintes du père le Tellier, ni de la réponse de M. Arnauld. On a cru que ces particularités n’étaient pas du ressort de Moréri. Nouv. Observ.

TETTI. Cet article méritait une place dans la nouvelle édition : Scipion Tetti a fait assez de bruit dans le XVIe. siècle pour qu’on ne dût pas l’oublier dans cet ouvrage : c’était, dira-t-on, un homme rempli de mauvais principes de religion, dont il est important d’éteindre le souvenir. Selon ce raisonnement, il faudra dire que saint Épiphane s’est donné une peine bien inutile, et même que son travail peut avoir eu des suites dangereuses, lui qui nous a donné un recueil de toutes les hérésies qui s’étaient formées dans le sein de l’église jusques à son temps. Bien loin qu’un travail comme celui-là soit dangereux pour la religion, je le crois au contraire, avec un saint père, très-utile pour l’établissement de la foi. Cette diver-