quis eum subitò enthusiasmus perculisset,
respondisse : Zenonem refello
[1]. Ils ont nommé le philosophe
qui niait le mouvement, ils ont
embelli les circonstances de la réponse
pratique, ils en ont fait la matière
des chreïes actives à l’usage des
jeunes rhétoriciens. Je m’étonne que
Sextus Empiricus n’ait daigné nommer
celui qui réfuta de la sorte les
objections contre l’existence du mouvement.
Ce qu’il a dit de moins vague
est qu’un cynique se servit de cette
manière de les réfuter : Ταῦτά τοι καὶ
ἐρωτηθεὶς ϕιλόσοϕος, τὸν κατὰ τῆς κινήσεως
λόγον, σιωπῶν περιεπάτησεν,
Ταῦτά τοι καὶ. Ideòque
cùm proposita esset philosopho
oratio motum negans, tacitus ambulare
cœpit[2]. Dans un autre endroit
il s’exprime ainsi : Διὸ καὶ τῶν
Κυνικῶν τις ἐρωτηθεὶς κατὰ τῆς κινήσεως
λόγον, οὐδὲν ἀπεκρίνατο ἀνέςη δὲ καὶ
ἐϐάδισεν· ἔργῳ καὶ διὰ τῆς ἐναργείας παριςάς,
ὅτι ὑπαρκτή ἐςιν ἡ κίνησις. Ideòque
quidam ex cynicis, cùm ei proposuita
esset contra motum oratio,
nihil respondit ; sed surgens ambulare
cœpit, opere et actu ostendens
existere motum[3]. Il vaut mieux
que nommer personne que d’assurer
que Diogène le Cynique et Zénon
d’Élée furent les acteurs. Cette faute
de chronologie est inexcusable[4] :
les jésuites de Conimbre l’ont imputée
à Simplicius sans le réfuter. Ils
étaient à cet égard dans l’erreur vulgaire.
Certè, disent-ils[5], hæc
Zenonis tam absurda opinio nullo
meliùs quàm experientiæ ipsius argumento
refellitur. Quod Diogenes Cynicus
fecit, ut refert Simplicius hoc
in libro commento 53, et lib. 8, comment.
25. Nam cùm Zenonis rationes
aliquando audisset, surrexit, nec aliter
quàm coràm ambulando respondit.
Ils n’ont point commis l’autre
faute, qui est si commune ; ils n’ont
point cru que le Zénon qui niait le
mouvement, et dont Aristote examine
les raisons, fût le chef des stoïciens ;
ils ont dit[6] en propres
termes que c’était Zénon d’Élée. Voici
un passage tout plein de fautes :
Continuum ex partibus indivisibilibus
constare contra Aristotelem constanter
defendebat Zeno stoïcorum
princeps, quem ducem sunt sequuti
ex philosophis Democritus, et Leucippus.
Ex theologis antiquis May.
in 2, dist. 2, quæst. 5. Gerardus
apud Tartaletum hoc lib., quæst. 1,
et Ægidius discipulus D. Thom. lib.
1, de Generat. quæst. 8, eitatus à Veracrux
6. Physic. speculat. 1[7]. Il
n’y a point lieu de douter qu’on n’ait
eu dessein dans ce passage de parler
du même Zénon qu’Aristote a réfuté
dans le chapitre IX du VIe. livre de
sa Physique. Or il ne paraît pas que
Zénon d’Élée ait enseigné que le continu
fût composé de parties indivisibles.
Il se contentait de se prévaloir
de la doctrine contraire, pour montrer
que le mouvement était impossible.
Il disait même qu’un corps indivisible
ne diffère point du néant
[8] ; et nous ferons voir ci-dessous
qu’il n’admettait aucune composition
dans l’univers. Cependant on le regarde
comme l’auteur de la secte qui
soutenait que les points mathématiques
composent le continu[9]. Il
serait plus raisonnable d’attribuer ce
sentiment à Pythagore et à Platon,
comme a fait le sieur Dérodon, se
fondant à l’égard de Pythagore sur
le témoignage de Sextus Empiricus,
et à l’égard de Platon sur le témoignage
d’Aristote[10]. Mais quelle
bévue de nous donner pour le guide
de Démocrite et de Leucippe le fondateur
des stoïciens ! Il fallait savoir
que Leucippe a précédé Démocrite,
et que l’un et l’autre ont précédé de
plusieurs olympiades le chef des
stoïques. Outre que leurs atomes
forment un système bien différent de
celui qu’on attribue aux zénonistes
sur la composition du contenu.
- ↑ Libertus Fromondus, de Compositione continui, page 6.
- ↑ Sextus Empiricus, Pyrrhon Hypotypos., lib. II, cap. XXII, page 104.
- ↑ Idem, ibidem, lib. III, cap. VIII, page 124.
- ↑ Diogène le Cynique a vécu long-temps après Zénon d’Élée.
- ↑ Conimbricenses in Phys. Aristot., lib. VI, cap. II, page m. 118.
- ↑ Ibid., in cap. VIII, pag. 145,
- ↑ Franciscus de Oviedo, Physic., controvers. XVII, pag. 334, col. 1.
- ↑ Arist., Metaphys., lib. III, cap. IV.
- ↑ Arriaga et cent autres scolastiques espagnols nomment zénonistes ceux qui tiennent que le continu est composé de parties indivisibles et non étendues, opinion très-différente de celle des atomistes.
- ↑ Derodon., Disp. de Atomis, pages 4 et 5. Il cite Sextus Empiricus, lib. IX, adv. Math., et Aristote, lib. I, de Generat., textu VII.