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ABRAHAM.

regis imperium, terebynthus monstrabatur pervetus, et annos magnitudine indicans, sub quâ habitavit Abraham. Miro autem cultu ab ethnicis habita est, et velut quodam insigni nomine consecrata[1]. Et quelques-uns même ont poussé l’extravagance jusqu’à dire qu’on l’a vu il n’y a que trois cents ans. Il ne faut pas, disent-ils, le distinguer de cette canne de Seth que le voyageur Mandeville (ô quel témoin !) vit proche de la ville d’Hébron [2].

(H) Et n’emploie pas une bonne réfutation. ] Il prétend que ces paroles du roi de Sodome, donnez-moi les personnes, et prenez les biens pour vous[3], signifient, selon le sens littéral et véritable, laissez rentrer dans le culte des idoles ceux que vous avez instruits en votre foi ; mais qu’Abraham protesta devant tout le peuple qu’il n’en ferait rien. L’auteur cite les versets 22 et 23 du chapitre XIV de la Genèse, et puis il accuse d’impudence et de blasphème les Thalmudistes qu ont dit que le patriarche acquiesça aux demandes du roi de Sodome. Il a raison de les condamner, en ce qu’ils supposent que ce prince redemandait des personnes converties à la vraie religion ; car on ne redemandait point les domestiques du patriarche, on redemandait seulement les sujets que les quatre rois avaient pris en pillant Sodome[4]. Mais le père Bartolocci a grand tort de supposer qu’Abraham ne les rendit pas. Ce qu’il cite de l’Écriture est visiblement sa condamnation.

  1. Hieron. in Locis Hebr. Litt. D. Voyez la remarque (G) de l’article Barcochebas.
  2. Voyez Bonifacii Hist. Ludicr., pag. 289. Son livre fut imprimé à Venise, chez Baléonius, en 1642, in-4, et réimprimé à Bruxelles, chez J. Mommartius, en 1656, aussi in-4.
  3. Genèse, chap. XIV, v. 21.
  4. Il est dit au verset 16 qu’Abraham ramena Lot, son frère, et ses biens, et aussi les femmes et le peuple.

ABRAM (Nicolas), jésuite lorrain, né au diocèse de Toul[* 1], l’an 1589, entra dans la société en 1606, et fit profession du quatrième vœu en 1623. Il était bon humaniste, et il parut à ses supérieurs assez grand théologien pour être élevé à la profession en théologie dans l’université de Pont-à-Mousson. Il exerça cette charge pendant dix-sept ans, et mourut le 7e. jour de septembre 1655. Il avait enseigné les humanités avant que de commencer la profession en théologie[a]. Il publia plusieurs livres (A). C’est une chose assez étrange qu’ayant été un auteur de distinction il ait été si peu connu dans les pays étrangers (B).

  1. * Joly le fait naître à Cherval. D. Calmet, dans sa Bibliothéque de Lorraine, dit à Xaronval, près de Charmes.
  1. Tiré de Nathan. Sotuel, Bibl. Societ. Jesu, pag. 622.

(A) Il publia plusieurs livres[* 1]. ] Des notes sur la paraphrase de l’évangile de saint Jean, composée en vers grecs par Nonnus ; un Commentaire sur Virgile ; un recueil de traités théologiques, intitulé Pharus Veteris Testamenti, sive sacrarum Quæstionum Libri XV : les Axiomes de la vie chrétienne[* 2] ? : et une Grammaire Hébraïque, en vers latins. Il a traduit en français[* 3] de l’italien de Bartoli la Vie de Vincent Caraffa, l’homme de Lettres, et la Pauvreté contente[1]. Son Commentaire sur Cicéron est un ouvrage d’un grand travail ; les analyses de logique y sont bonnes et exactes ; les notes y sont remplies de beaucoup de littérature : mais comme il a versé là-dedans avec trop de profusion les fruits de ses veilles, il est tombé dans une longueur qui rebute les moins paresseux. Ce Commentaire une comprend que les oraisons du dernier volume, jusqu’à la 2e. philippique

  1. * De cinq ouvrages d’Abram dont Joly donne les titres et qu’il reproche à Bayle d’avoir oubliés, deux sont des manuscrits, et un autre (Dispositio analytica aliquot orationum Ciceronis brevibus tabulis comprehensa), de l’aveu de Joly, fait partie du Commentaire sur les oraisons de Cicéron, mentionné par Bayle.
  2. * Joly remarque que ce livre est en latin : Axiomata vitæ Christianæ, 1654, in-8o.
  3. * Bayle, dit Joly, est excusable d’avoir attribué ces trois traductions au P. Abram, puisqu’il n’a fait en cela que suivre le P. Sotuel qui les donne ailleurs et avec raison au P. Thomas Leblanc.
  1. Ex Nathan. Sotuel, Bibl. Scriptor. Secict. Jesu, pag. 622.