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ABSTÉMIUS.

inclusivement ; et néanmoins, il est en deux tomes in-folio. Ils furent imprimés à Paris, l’an 1631. Le Commentaire sur Virgile est beaucoup plus court ; ce qui est cause qu’il a rendu plus de service dans les écoles. On voit à la fin de son Pharus Veteris Testamenti[1], un long traité de Veritate et Mendacio, où il ne donne pas dans les maximes des casuistes rigides.

M. de la Monnaie m’a averti, 1°. que ce jésuite a suppléé, en soixante et onze vers grecs de sa façon, l’histoire de la femme adultère, qui manquait au VIIIe. chapitre de la paraphrase de Nonnus[2][* 1] ; 2°. que Reinésius parle de ce Nicolas Abram dans la page 155 de ses lettres ad Hoffmannum et Rupertum. J’ai consulté cet endroit-là, et j’y ai trouvé cet éloge : Si me cum tot rationmibus audire hìc noles, vel hujus (Nic. Abrami) auctoritati cede. Est enim sanè quam doctissimus, et maximè idoneus explicanda Tullio. Joignons à ce témoignage celui d’un autre savant du même pays. Ad intelligendus, adque ad usum transferendas orationes Ciceronis sufficiet Commentarius Jo. Thomæ Freigii, nisi quis alddere malit prolixos Commentarios Nicolai Abrami jesuitæ multâ rerum varietate instructos[3].

(B) Si peu connu dans les pays étrangers. ] Ses notes sur la paraphrase de Nonnus furent imprimées à Paris, chez Sébastien Cramoisi, l’an 1622, et il ne paraît pas qu’Heinsius en eût connaissance lorsqu’en 1627 il publia cette même paraphrase avec un grand commentaire. C’est ce qu’il nomme Aristarchus sacer. M. Cave n’avait point non plus ouï parler des notes de ce jésuite, puisqu’il n’en dit rien dans l’endroit où il rapporte les différentes éditions de Nonnus[4]. Aubert le Mire et le père Oudin n’en disent pas davantage : celui-là, dans son Auctarium de Scriptoribus Ecclesiasticis, imprimé l’an 1639 ; celui-ci, dans son Supplementum de Scriptoribus Ecclesiasticis, imprimé l’an 1686. De la manière que M. Simon cite plusieurs fois cet ouvrage du père Abram [5], on voit bien qu’il en fait cas, et que ce n’est pas un livre qui méritât d’être inconnu. Mais voici un fait plus singulier. Martin Schoockius, dont le fort était une vaste et prodigieuse lecture, déclara sur ses vieux jours qu’il n’avait jamais ouï parler d’un auteur qui s’appelât Nicolas Abraham. Hanc si tuitus fuerit nescion quis Nicolaus Abrahamus (jam primitiùs eum nosse incipio) prolixo examine haud opus fuisset[6].

  1. * On voit dans Joly que Nansius avait, en 1639, dans son édition de Nonnus, suppléé 369 vers ; à son exemple, Abram suppléa par 71 vers de sa façon l’histoire de la femme adultère.
  1. Imprimé à Paris en 1648, in-folio.
  2. C’est une erreur. François Nansius, qui donna une édition de Nonnus, l’an 1589, est de véritable auteur de cet endroit suppléé. M. de la Croze m’a averti que M. Simon parle de cela à la page 330 de son Hist critiq. des Commentateurs.
  3. Joh. Andreas Bosius de Prudentiâ et Eloquentiâ comparandâ, pag. 400.
  4. Historia literaria Scriptorum ecclesiaticorum, pag. 299 de l’édit. de Londres, en 1688, in-folio.
  5. Hist. Crit. des Comment. du Nouveau Testament, chap. XXIII.
  6. Schoockius, de Fænore unciario, pag. 107. Il est imprimé l’an 1668.

ABSTÉMIUS[* 1] (Laurent), né à Macerata, dans la Marche d’Ancône, s’attacha à l’étude des belles-lettres et y fit assez de progrès. Il les enseigna dans Urbin et y fut bibliothécaire du duc Guido Ubaldo[a], auquel il dédia un petit livre où il expliquait quelques passages difficiles des anciens auteurs[b]. Ce fut sous le pontificat d’Alexandre VI qu’il publia cet ouvrage, et un autre qui a pour titre Hecatomythium, et qui fut dédié à Octavien Ubaldini, comte de Mercatelli. La raison de ce titre fut tirée de ce que l’ouvrage était un recueil de cent fables[c]. Il en doubla le nombre dans la suite. On les a souvent imprimées (A) avec celles des anciens faiseurs d’apologues, Ésope, Phèdre, Ga-

  1. * Son véritable nom, dit le Menagiana, 1715, III, 411, était Bévilacqua.
  1. Voyez Gruteri Thes. Crit, tom. I. pag. 878.
  2. Opusculum de nonnullis Locis obscuris. Vide Epist dedicat. ejus Hecatomythii.
  3. Voyez-en l’épître dédicatoire.