Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
ACCURSE.

a dédié son livre, ipsi principes, quàm mihi vestitum propè (ut aiunt) militarem probro verterint, tùm fidibus scire musicem callere, philosopho indignum prædicent, quantùmque invaserint, quòd et opticen cum litterarum studiis, vernaculosque cum latinis numeris conjunxerim. Il dit là qu’il travaillait à l’histoire de la maison de Brandebourg, sur les mémoires qu’on lui fournissait.

(D) Et il voyagea au septentrion. ] Nous l’avons déjà entendu lui-même, faisant savoir à ses lecteurs le grand nombre de passages qu’il corrigeait sur les arçons de la selle, en traversant l’Allemagne et la Pologne. Ce qui suit nous apprendra qu’il remarquait jusqu’aux moindres choses, jusqu’aux chansons avec quoi l’on endormait les enfans ; mais il n’en tirait pas de fort bonnes conséquences. On le va voir : Nuper, dit-il[1], non in Pannoniâ solùm, atque adeò apud septemtrionales plerosque populos, verùm etiam ultra Sauromatas, non sine admiratione audivimus, ad suadendum nutricio more infantibus somnum, dici li lu, li lu, tùm et la lu, la lu, et la la, la la. Quod nostrates ferè nan na, nan na, et nin na, nin na, etiam morâ quâdam vocem suspendentes passìm dicere consueverunt. Movit porrò nos majori quâdam admiratione, quòd infantes ipsi et horriduli et sordiduli vixdùm fari incipientes mamman atque tatam latinè balbutiunt, ipsis quoque matribus non intellecti. Ut videri possint et hœ quoque voces naturales magis quàm arbitrariæ. Il a tort de s’imaginer que les mères n’entendissent pas ce que leurs petits enfans voulaient dire ; c’étaient elles qui leur avaient appris ces mots.

(E) Son édition de Marcellin est plus ample de cinq livres que les précédentes. ] Le Toppi avait de mauvais mémoires sur ce fait. Il n’a point dit ce qu’il fallait dire, et il a dit ce qu’il ne fallait pas avancer. Il n’a point dit qu’Accurse eût joint cinq nouveaux livres à ceux qu’on avait déjà ; il n’a parlé que du sixième. Or il est faux que le sixième ait été trouvé : il nous manque encore les treize premiers livres de cet historien. Léonard Nicodème a relevé là-dessus comme il fallait Nicolas Toppi[2].

(F) Dans un dialogue qu’il publia l’an 1531. ] Comme tous ceux qui auront mon livre n’auront pas celui de Léonard Nicodème, copions amplement le titre de ce dialogue. Osco, Volsco, Romanoque eloquentid interlocutoribus, Dialogus ludis Romanis actus. In quo ostenditur verbis publicâ monetâ signatis utendum esse, prisca verò nimis et exoleta tanquàm scopulos esse fugienda. Si quid itaque, lector optime, antiquitatem amas, ut sanè debes, libellum hunc ingenti quamvis pecuniâ à bibliopolâ te tibi redemisse non pœnitebit. Nam prœter quàm quòd vocibus partim Oscis, partim Volscis conscriptus est, latina quoque istuc verba exoletiora nimisque prisca quibus Aborigines, Picus, Evandrus, Carmentaque ipsa loquebantur, affatìm collata sunt. Quœque omnia apud Ennium, Pacuvium, Plautum, aliosve hujus notœ priscos auctores abstrusiora leguntur. Itemque recentiorum cacatas Apulei et Capellæ chartas, hujusmodive aliorum. Quæ ut certè sunt evitanda, ita tamen ab eo qui docti nomen ferat agnoscenda sunt, ut cùm aliquandò in eas offenderit, de illorum sensu ei turpiter hæsitandum non sit[3]. Voici le jugement qu’André Scholtus fait de ce livre : De Apuleio metamorphoseos ex Lucio Patrensi, seu Luciano, scriptore audi, amabo, quæ in Dialogo olim ante hos ipsos octoginta annos a Mariangelo Accursio (homine, ut illis temporibus pererudito, quique Nasonem, Ausonium, ac Solinum Diatribâ illustravit) oscè ac volscè conscripto, ut sæculi degenerantis nimiùm à primâ eloquentiâ insaniam veluti aceto aspersa satira perstringeret, audi, inquam, et risum contine, si potes, etc.[4].

Notez que ce livre de notre Accurse est in-8o, mais notez surtout ce qui m’a été communiqué par M. de la Monnaie. « Le dialogue de Marie-Ange Accurse contre ces corrupteurs de la langue latine peut avoir été im-

  1. Diatrib. in Auson.
  2. Leonardo Nicodemo, Addizioni alla Biblioth. Napolet., pag. 170.
  3. Tiré de Leonardo Nicodemo, Addizioni alla Biblioth. Napolet., pag. 170.
  4. Andr. Schottus, lib. I. Quæst. Tullianar., pag. 59, apud Leon. Nicodemum, Addizioni alla Bibl. Napoletana, pag. 170.