Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
ACHÉE.

primé l’an 1531 ; mais il faut croire qu’il avait déjà paru quelques années auparavant, puisque Geoffroi Tory le cite dans son Champ fleuri, imprimé par lui-même, in-4o. l’an 1529 Semblablement, dit-il, mille autres façons de dire que Hieronyme Avance, natif de Vérone, allègue au commencement de ses Annotations qu’il a très-diligentement faites sur les œuvres du poëte ancien nommé Lucretius, que je laisse aux curieux et amateurs d’antiquité, et de laquelle chose on peut amplement voir et lire en un dialogue intitulé Osci et Volsci Dialogus ludis Romanis actus. Cette pièce est désignée par Paul Jove dans l’éloge de Baptiste Pio, qu’elle attaquait principalement. Le titre du dialogue est assez particulier, et bien honnêtement long : mais j’ai peine à en construire les premiers mots : Osco, Volsco, Romanoque eloquentiâ interlocutoribus. Il faudrait, ce me semble, et eloquentiâ, etc. »

(G) Un livre touchant l’invention de l’imprimerie. ] Je ne me vante point de l’avoir vu :[* 1] j’avance cela sur la foi du Toppi[1] ; mais voici un fait dont je suis bien assuré. On a cru que notre Accurse avait écrit de sa main au premier feuillet d’une grammaire de Donat imprimée sur papier vélin, que ce Donat, avec un autre livre intitulé Confessionalia, étaient les premiers livres imprimés, et que Jean Faust, Bourgeois de Mayence, inventeur de l’art, les avait mis sous la presse l’année 1450[2]. M. Chevillier observe que cet Accurse vivait en l’an 1500[3] ; et néanmoins il met quelque différence entre son témoignage et celui qui fut rendu par Ulric Zel, libraire de Cologne, l’an 1499 : il y met, dis-je, quelque différence à l’égard du temps. Il y avait, dit-il, un plus long temps que le Donat était imprimé, lorsqu’Accurse écrivait cela, que lorsque Zel en parlait[4]. Chacun comprend qu’une année de plus ou de moins est ici sans conséquence. De plus, doit-on dire qu’un homme qui a passé trente-trois années à la cour de Charles-Quint, vivait l’an 1500 ?[* 2]

(H) La forme de son serment est remarquable. ] La voici : Quod dii hominesque, fas, fidesque audiat, sacramenti religione, ac si quid est jusjurando sanctius, affirmo, idque ritè pariter ac sine dolo malo dici, cæterisque accipi volo, me nec ullius unquàm scripta perlegisse ac ne conspexisse quidem, undè fel tantillùm lucubrationes nostræ redimiri juvarique datum fuerit. Quin immò laborâsse, quoad ejus fieri licuerit, ut si quippiam alterius, post observationem quoque meam, editum occurrerit, è nostris protinùs aboleverimus. Quòd si pejerem, tùm pontifex perjurio, malus autem genius Diatribis contingat, usque adeò ut, si qua bona aut saltem mediocria in ipsis fuerint, imperitorum turbæ pessima, bonis leviuscula tricisque viliora censeantur, famæ si qua manent munera, vento evolent, proque vulgi levitate ferantur[5]. Combien de réflexions pourrait-on faire sur ce serment !

(I) Son fils Casimir.....[* 3] était homme de lettres. ] C’est apparemment celui que le docte et le fameux patron des doctes, Vincent Pinelli, eut pendant quelque temps dans sa maison ; car, encore que le Gualdo donne le nom de François au fils d’Accurse, il a peur de se méprendre en le lui donnant. Voici comme il parle. Præter hos domi habuit Benedictum Octavianum, res philosophicas theologicasque doctum... Mariangeli Accursii filium Franciscum, ni fallor, insignem moribus et doctrinâ[6].

  1. * Le livre dont parle le Toppi n’existe pas, ainsi que le remarque Joly. Le Toppi a métamorphosé en livre la note sur le Donat.
  2. * Joly, sur le poids des témoignages de Zel et Accurse, dit que le plus rapproché des temps où les faits ont eu lieu a le plus de poids ; que Zel est antérieur à Accurse, et conclut que le raisonnement de Chevalier a été à tort attaqué par Bayle.
  3. * Ce Casimir était, suivant Joly, non le fils, mais le petit-fils d’Accurse.
  1. Toppi, Biblioth. Napolet., pag. 206.
  2. Chevillier, Origine de l’Imprimerie de Paris, pag. 21. Il cite le livre de Bibliothecâ Vaticanâ, composé par Ange Roccha, et imprimé à Rome l’an 1591. Boxhornius, dans son Théâtre Hollandais, pag. 138, cite fort au long ce passage d’Ange Roccha.
  3. Chevillier, Origine de l’Imprim. de Paris, pag. 21 et 281.
  4. La même, pag. 284.
  5. Mariang. Accursius in Testudine ad calcem Diatrib.
  6. Galdus, in vitâ Vinc. Pinelli.

ACHÉE, en latin Achæus, cousin germain de Seleucus Cé-