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ACIDALIUS.

tres écrivent Hugo Etherianus ; mais Eterianus est plus correct. C’est le nom d’un auteur ecclésiastique du XIIe. siècle. Ceci m’a été communiqué par M. de la Monnaie.

ACIDALIUS (Valens) aurait été un des bons critiques de ces derniers siècles si une plus longue vie lui eût permis de porter à leur perfection les talens qu’il avait reçus de la nature[a]. Il naquit à Wistoch, dans la Marche de Brandebourg ; et, ayant vu diverses académies d’Allemagne, d’Italie, et de quelques autres pays, où il se fit fort aimer (A), il s’arrêta à Breslaw, capitale de la Silésie. Il y attendit assez longtemps quelque emploi ; mais, comme rien ne venait, il passa dans la communion romaine, et y trouva bientôt le rectorat d’une école (B). On dit qu’à peine quatre mois furent expirés, qu’il lui arriva un accident tout-à-fait étrange. Il suivait une procession du saint Sacrement, et il tomba tout à coup en frénésie. On le porta chez lui, et il mourut bientôt après. Quelques-uns dirent qu’il s’était tué lui-même (C). Ce fut dommage ; car il avait de l’esprit, et il travaillait beaucoup. Cette grande application fut la cause de sa mort, si nous en croyons M. de Thou[b], qui dit que, pour avoir trop veillé en composant ses Divinations sur Plaute (D), il devint sujet à un mal (E) qui l’emporta dans trois jours, le 25 de mai 1595. Il ne faisait que commencer sa vingt-neuvième année (F). Nous avons plusieurs ouvrages de sa façon [c]. On lui avait imputé à tort un petit livre (G) qui fut imprimé l’an 1595, dont le sujet était que les femmes ne sont pas des animaux raisonnables, mulieres non esse homines[* 1]. J’ai lu quelque part qu’il était médecin (H), et qu’il aurait fait des notes sur Aulugelle s’il avait encore vécu quelque temps[d]. Il paraît par ses lettres qu’il avait travaillé sur Apulée. M. Baillet l’a inséré parmi ses Enfans célèbres, ayant dit qu’il travaillait sur Plaute à dix-sept ou dix-huit ans, sans parler de diverses poésies latines que nous avons de lui, et qui sont de même temps. Un de ses premiers ouvrages imprimés est le Velleius Paterculus, qu’il publia à Padoue l’an 1591. Il dit lui-même qu’il eut honte de ce fruit précoce de sa plume[e], et il s’étonna qu’on eût voulu le réimprimer en France[f]. Lipse, qui lui écrivit quelques lettres remplies d’estime et d’amitié[g], le regardait comme un grand homme à venir. Ipse Valens (non te fallam augur) gemmula erit Germaniæ vestræ, vivat modò. C’est ce qu’il écrivit à Monavius,

  1. * J. C. Leuschner a publié : De Valentis Acidalii vitâ, moribus et scriptis commentatio ; Leipsic, 1757, in-8o., où il cherche à prouver que V. Acidalius n’est pas auteur de l’ouvrage qu’on lui attribue, et dont il existe une traduction française par Querlon, sous le titre de Problèmes sur les Femmes, 1744, in-12 ; et une traduction litre par Clapiès, sous le titre de Paradoxes sur les Femmes, etc., 1766, in-12.
  1. Adolescens summæ spei et eruditionis. Thuan. Hist. lib. CXIII, pag. 687.
  2. Ibidem.
  3. Voyez la remarque (D).
  4. Nisi juveni illi fata quietem miserabiliter properassent. Sciopp. de Arte Critic. pag. 18.
  5. Val. Acidal. Epistolar. p. 70, 78, 127.
  6. Val. Acidal. Epistolar. pag. 160, 161, 209, 255.
  7. La Xe. et la XXVIe. de la Centuria ad Ital. et Hisp.