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ACONCE.

turâ constet apertissimè malum aliquod pœnœ nunquàm este redimentum malo culpæ, et vitam potiùs esse deponendàm, quàm ut eam nobis aut aliis servemus id facientes ex quo Deus offenderetur. Nullo modo itaque censendum est licitum esse adulterii remedium vel marito, vel uxori vitandæ alterius necis causâ ; quin potiùs mortem expectare convenit, imò verò ultrò expetere, quàm alterutrius castitatem prodere, ob cujus conservationem multæ pudicissimæ feminæ non solùm ab aliis occidi sustinuerunt, sed etiam (quod tamen probare nolim) sibi ipsis vim intulerunt, non solùm inter Ethnicas, sed etiam inter Christianas[1]. Il cite l’exemple de Sophronie : j’en parlerai en son lieu.

Lisez les Amœnitates Juris de M. Ménage, au chapitre intitulé, de Mariti lenocinio : Adulterarum viros ordinari non potuisse. C’est le Xe. chapitre de cet ouvrage. Voyez-en la page 52 de l’édition de Leipsick, en 1680 ; in-8o.

  1. Riveti Oper., tom. I, pag. 281.

ACONCE (Jacques), en latin Acontius, philosophe, jurisconsulte et théologien, naquit à Trente, au XVIe. siècle[a]. Il embrassa la réformation ; et, ayant passé en Angleterre au temps de la reine Elisabeth, il reçut mille marques de bonté de cette princesse, comme il le témoigne à la tête du livre qu’il lui dédia (A). C’est le fameux recueil des Stratagèmes du Diable, qui a été si souvent traduit, et si souvent imprimé. La première édition est celle de Bâle, en 1565 : l’auteur mourut peu après en Angleterre [b]. Jacques Grasserus en procura une seconde édition à Bâle, l’an 1610, où l’on trouve bien la lettre d’Aconce de Ratione edendorum Librorum, dans laquelle il donne des conseils si salutaires à ceux qui se veulent ériger en auteurs ; mais on n’y trouve pas son traité de la Méthode [c], qui est une bonne pièce (B), quoique l’auteur ne l’eût publiée que comme un essai[d]. Il avait composé en italien un ouvrage touchant la manière de fortifier les villes, lequel il mit lui-même en latin pendant son séjour en Angleterre[e] ; mais je ne crois pas qu’on l’ait jamais imprimé. Il travaillait aussi à une logique[f], à quoi la mort apparemment l’empêcha de mettre la dernière main. Ce fut dommage ; car c’était un homme qui pensait juste, qui avait beaucoup de discernement et beaucoup de pénétration. Il s’était formé l’idée la plus raisonnable de cet ouvrage, et il se croyait obligé d’y travailler avec d’autant plus de soin, qu’il prévoyait qu’on allait passer dans un siècle encore plus éclairé que celui où il vivait (C). Sa conjecture était bien fondée (D). Il n’a pas eu sur la religion les mêmes principes que Calvin : il penchait beaucoup vers la tolérance, et il a eu en général certaines maximes qui l’ont rendu fort odieux à quelques théologiens protestans (E). J’ai trouvé peu de choses concernant ses aventures[* 1]. Il dit lui-même, en passant, qu’il avait employé une bonne partie de sa vie à l’é-

  1. * On voit dans Chauſepié que J. Aconce laissa quelques-uns de ses papiers à J.-B.
  1. Moréri le met faussement au XVe. siècle.
  2. Grasserus, in Epistol. ad Lectorem, initio Stratagematum Satanæ.
  3. Voyez-en le titre à la fin de la remarque (B).
  4. Post illud tempus, quo excidit nobis inchoatum illud Methodo Opusculum, scis me bis sedem ac locum mutâsse. Argentoratum primò, deinde in Angliam. Acontius, in Epist. ad Joh. Wolfium Tigurinum de Ratione edendorum librorum, pag. 410. Elle est datée de Londres, le 20 de novembre 1562.
  5. Acontius, Epistola ad Wolfium, p. 410.
  6. Ibidem, pag. 411.