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ACOSTA.

nec adversarios, Samosatenum, Photinum, Arrium, Eunomium, Pneumatomachos, aut eorum errores rejecerit, contentus solos illos rejectos, qui negarent filium non esse alium à patre[1].

(F) Il y en a parmi les protestans qui l’ont fort loué. ] M. Crénius fournit des preuves de ces deux faits. Il observe[2] que Conrad Bergius déclare qu’Aconce a raisonné prudemment et pieusement. Ce Bergius était ministre et professeur en théologie à Brême. Le livre où il parla de la sorte est intitulé : Praxis catholica divini canonis contra quasvis hœreses et schismata, etc., et fut imprimé à Brême, l’an 1639, in-8o. Rivet, en ayant eu un exemplaire ex dono autoris, y écrivit quelques remarques dont je rapporte celle qui concerne Aconce. Miror cur (pag. 524), tanti faciat vir doctus judicium Acontii, hominis ambiguæ fidei et Socinianorum vel prodromi, vel commilitonis, cujus rei gratiâ ab Arminianis toties recusus est et commendatus, etiam in varias linguas vulgares translatas. Huic homini scopus fuit, ut ex toto libro apparet, ad tam pauca necessaria doctrinam christianam arctare, ut omnibus sectis in christianismo pateret aditus ad mutuam communionem. Vellem doctiss. et pium virum à talibus laudandis et imitandis abstinuisse[3]. Le livre qui me fournit ce passage, m’apprend aussi qu’Isaac Junius[4], ministre de Delft, mettait Aconce, les remontrans et Socin dans la même classe, et le regardait comme un homme qui voulait réduire à l’unité toutes les sectes et les enfermer dans une même arche, comme Noé enferma toutes sortes d’animaux dans la sienne, où elles furent conservées quoiqu’elles se nourrissent de différentes pâtures. On voit dans le même livre le jugement que Peltius faisait d’Aconce : c’est qu’en réduisant à un petit nombre les points nécessaires au salut, et en demandant la tolérance pour les opinions qui combattaient les autres articles, il n’y avait point d’hérésies à quoi il n’ouvrît la porte[5]. Enfin, on voit dans le même ouvrage, que non-seulement Arminius et Grevinchovius ont donné beaucoup de louanges à notre Aconce ; mais aussi, qu’Amésius et George Pauli[6], théologiens réformés, l’ont fort loué. Jacobo Arminio tamen in Respons. ad excerpta theol. Leidens. pag. 65. Acontius est divinum prudentiæ ac moderationis lumen. Amesio præfat. ad Puritan. Anglicanos et Grevinchovio in Abstersione calumn. Smoutii pag. 125. apud B. Hulsemannum in Dedicat. Supplementi Breviarii Theologici pag. 6. idem Acontius est δυνατώτατος όν ταῖς γραϕαῖς, qui sementem Ecclesiæ anglicanæ calore et rore cœlesti fovit sedulò[7].

  1. Voetius, Disput. Theolog. tom. I, p. 501.
  2. Thom. Crenius, Animadv. Philolog. et Historicar., parte II, pag. 32.
  3. Rivet. apud Crenium, ibid : pag. 30.
  4. Isaac. Junius in Examine Apologiæ Remonstrantium, pag. 45, apud Crenium, ibid.
  5. Peltius in Dedicatione Harmoniæ, apud Crenium, ibid. pag. 31.
  6. In Reformato Augustano, seu Apologia pro dictatis suis de Aug. Confess. apud Crenium, ibid. pag. 32.
  7. Crenius, ibid. pag. 31.

ACOSTA (Uriel), gentilhomme portugais, naquit à Porto, vers la fin du XVIe. siècle. Il fut élevé dans la religion romaine, dont son père faisait sincèrement profession[a], quoique issu de l’une de ces familles juives qui avaient été contraintes à vive force de recevoir le baptême. Il fut élevé aussi de la manière que le doivent être les enfans de bonne famille : on lui fit apprendre plusieurs choses, et enfin la jurisprudence. La nature lui avait donné de bonnes inclinations (A) ; et la religion le pénétra de telle sorte, qu’il souhaita ardemment de pratiquer tous les préceptes de l’Église, afin d’éviter la mort éternelle qu’il craignait beaucoup. C’est pourquoi il s’appliqua soigneusement à la lecture de l’Évangile et des autres livres spi-

  1. Pater meus verè erat christianus. Uriel Acosta, dans son Exemplar Vitæ humanæ, inséré par M. Limborch à la fin de son Amica Collatio cum Judæo de Veritate Religionis christianæ, imprimée à Amsterdam, en 1687, in-4.