bration de cette fête n’a pas moins duré à Antioche qu’à Alexandrie. Julien l’Apostat fit son entrée dans la première de ces deux villes, l’an 362, lorsqu’on y célébrait la fête d’Adonis, ce qui fut pris pour mauvais augure. Evenerat autem iisdem diebus, annuo cursu completo, Adonia ritu veteri celebrari, amato Veneris, ut fabulæ fingunt, apri dente ferali deleto, quod in adulto flore sectarum est indicium frugum Et visum est triste, quòd amplam urbem principumque domicilium introëunte imperatore nunc primùm ululabiles undique planctus et lugubres sonus audiebantur[1]. Une pareille chose parut de mauvais augure aux Athéniens en deux occasions[2].
(F) Favori de Vénus et de Bacchus. ] Dans l’endroit où Athénée rapporte quelques exemples d’expressions énigmatiques [3], il n’oublie point l’oracle qui fut rendu à Cinyras ; le voici :
Ὠ Κινύρα, βασίλεῦ Κυπρίων ἀνδρῶν δασυπρώκτων,
Παῖς σοι κάλλιςος μὲν ἔϕυ θαυμαςότατος τε
Πάντων ἀνθρώπν, δύο δ᾽ αὐτὸν δαίμον᾽ ἔχητον.
Ἡ μὲν ἐλαυνομένη λαθρίοις ἐρετμοῖς, ὁ δ᾽ ἐλαύνων.
O Cinyra, rex Cypriorum quibus hirtus podex est,
Infans tibi genitus est formosissimus et pulchritudinis
Jnter universos homines summoperè admirandæ
Illum duo numina in potestate habebunt,
Occultis et aviis callibus alterum ille subiget, illum verò alter.
Athénée ajoute que cela signifiait Vénus
et Bacchus ; car tous deux l’aimèrent.
Platon le comique avait rapporté
cet oracle[4]. Il n’est pas le seul poëte
qui ait parlé de ces amours de Bacchus.
On trouve deux vers dans Plutarque,
qui assurent que Bacchus,
ayant vu le bel Adonis dans l’île de
Cypre, en devint amoureux, et l’enleva
[5]. Ce que Plutarque ajoute
est curieux, et pourrait en un besoin
faire leçon à ceux qui nous donnent
tant de généalogies orientales de la
religion et de la mythologie païennes.
Un des interlocuteurs de Plutarque
soutient fort sérieusement et fort gravement,
qu’Adonis et Bacchus sont la
même divinité, et que les Juifs s’abstenaient
du porc, à cause qu’Adonis
avait été tué par un sanglier. Or il
prétend que leur religion, leurs fêtes,
leurs cérémonies, étaient à peu près
ce qu’on faisait dans la Grèce pour
Bacchus ; et il dit même que leurs lévites
étaient ainsi appelés, à cause de
Λύσιος ou d’Εὔιος, Lysius, Evius, deux
noms de cette divinité. Ausone déclare
que Bacchus, Osiris, Adonis, etc.
étaient un seul et même Dieu[6].
Macrobe va encore plus loin[7].
(G) Proserpine en devint amoureuse dans les enfers. ] S’il en faut croire Apollodore[8], elle n’attendit pas tant à l’aimer, et n’attendit pas même qu’il fût sorti du berceau. Vénus, charmée de la beauté de cet enfant, le mit dans un coffre, et ne le montra qu’à Proserpine. Celle-ci protesta qu’elle le voulait garder. Il fallut que Jupiter prononcât sur le différent ; et voici de quelle manière il le partagea : qu’Adonis serait libre pendant les quatre premiers mois de l’année, et qu’il passerait auprès de Proserpine les quatre suivans, et auprès de Vénus les quatre autres. Il aurait mieux valu mettre la portion d’Adonis au milieu de l’an ; et peut-être l’avait-on ainsi dit avant que les abréviateurs ou les copistes d’Apollodore eussent mis sa Bibliothéque dans l’état où nous l’avons. Quoi qu’il en soit, Adonis ne voulut point des vacances que Jupiter lui avait données : il y renonça en faveur de Vénus ; car il lui fit présent de ses quatre mois. D’autres[9] disent, 1°. que la muse Calliope, chargée de la décision de cette dispute par Jupiter, ordonna qu’Adonis serait six mois à Vénus, et six mois à Proserpine. 2°. Que Vénus, indignée qu’on ne lui donnât qu’à moitié ce qu’elle voulait avoir tout entier elle seule, inspira à toutes les femmes de Thrace un tel amour pour Orphée, fils de Calliope, que chacune le voulant ôter aux autres, elles le mirent en cent
- ↑ Amm. Marcell., lib. XXII, cap. IX.
- ↑ Plutarch. in Alcib., pag. 200 ; in Niciâ, pag. 532.
- ↑ Athen., lib. X, cap. XXII, pag. 456.
- ↑ In Adonide, apud Athen., lib. X, cap. XXII, pag. 456.
- ↑ Plut. Sympos., lib. IV, cap. V.
- ↑ Auson. Epigramm. XXX.
- ↑ Macrob. Saturnal., lib. I, cap. XVIII et XXI.
- ↑ Apollod. Bibl, lib. III, pag. 240.
- ↑ Hygin. Astronom., lib. II, cap. VII.