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AYRAULT.

fils aîné, qui avait pris l’habit de leur ordre[a]. Il l’avait envoyé dans leur collége de Paris, afin de le rendre plus capable de lui succéder un jour, et il eut quelque temps après le chagrin d’apprendre qu’ils lui avaient persuadé d’entrer dans leur corps. Il en fit ses plaintes au parlement de Paris[b] ; et, quand il eut su qu’ils l’avaient fait évader, il présenta requête au pape, et obtint des lettres de Henri III au cardinal d’Est, protecteur des affaires de France, et au marquis de Pisani, ambassadeur de cette couronne[c], par lesquelles lettres le roi demandait très-instamment qu’on sollicitât un ordre du pape pour la liberté du jeune garçon. Tout cela fut inutile. Le Traité de la Puissance paternelle[* 1] qu’il adressa trois ans après à ce fils désobéissant, ne fut pas plus efficace. Quoique Ayrault eût d’autres fils, il ne laissa pas de se chagriner excessivement de la perte de celui-là. Il avait épousé à Paris, en 1564, Anne Des-Jardins, fille de Jean Des-Jardins, médecin de François Ier, de laquelle il eut quinze enfans (F), dont dix étaient en vie quand il mourut à Angers, le 21 de juillet 1601, âgé de soixante-cinq ans[d]. J’emprunte de M. Ménage cet article[e].

  1. * Ce Traité de la Puissance paternelle fut, dit Leclerc, imprimé à Tours en 1582, in-12 de 82 feuillets. Joly renvoie aux Mémoires de Nicéron, pour un catalogue plus détaillé des ouvrages de P. Ayrault.
  1. Voyez l’article suivant.
  2. Le 19 de mai 1586.
  3. Elles sont datées du 18 juillet 1586.
  4. Sainte Marthe s’est trompé dans l’Éloge de Pierre Ayrault, où il ne lui a donné que soixante-trois ans de vie.
  5. Ex Vitâ Petri Ærodii, ab Ægidio Menagio, ejus ex filiâ nepote, scriptâ, et typis datâ Parisiis, anno 1675, in-4.

(A) Il devint l’un des plus célèbres avocats du parlement. ] Antoine Loisel, en son Dialogue des Avocats du parlement de Paris, met notre Ayrault dans la liste des plus fameux, et lui donne la prééminence sur Bodin. Il est vrai qu’il remarque que Bodin ne réussit pas dans le barreau. Voici comme parle Loisel : Maistre Pierre Ayrault fut aussi pourveu de l’estat de lieutenant criminel à Angers, dont il estoit, et s’y retira sur la fin des grands jours de Poictiers de l’an 1567, encore qu’il plaidast assez bien et doctement, mieux beaucoup que ne faisoit maistre Jean Bodin, Angevin, quelque grande et exquise doctrine qui fust en lui ; car il ne lui succéda jamais en plaidoirie qu’il ait faite[1]. On imprima à Paris, l’an 1568, quelques plaidoyers de Pierre Ayrault . Ils furent imprimés à Rouen, en 1614, avec les notes et les additions d’un jeune jurisconsulte. M. Ménage, qui dit cela[2], pouvait ajouter qu’on les imprima à Paris, en 1598, in-8o, avec quelques autres opuscules de Pierre Ayrault. Les curés de Paris le choisirent en 1564 pour plaider leur cause contre les jésuites ; cependant il ne la plaida pas ; et peut-être que cela vint de ce qu’on ne trouva pas à propos que les intérêts des curés fussent séparés de ceux de l’évêque de Paris. C’est la conjecture du sieur du Boulai[3]. Quoi qu’il en soit, son plaidoyer fut rendu public, comme je viens de le dire dans la note[4].

(B) Il augmenta beaucoup son livre dans les autres éditions. ] La seconde édition est de Paris, en 1573, in-8o., et contient six livres. La troisième est in-folio, et a pour titre, Rerum ab omni antiquitate judicatarum Pandectæ. Elle est aussi de Paris, en 1588. Après la mort de l’auteur on imprima les mêmes Pandectes à Paris, l’an 1615, avec le petit Traité de Patrio Jure. Il les avait revues et corri-

  1. Loisel, apud Menag. in Testim. de P. Ærodio, ejus Vitæ præfixis, pag. xxvj.
  2. In Vitâ Petri Ærodii, pag. 26.
  3. In Historiâ Academ. Parisiens., tom. VI, pag. 966, apud Menag. in Testim. de P. Ærod., pag. xvij.
  4. Il y en a XXII. Le XXe. est celui qu’il avait préparé pour les curés de Paris contre des jésuites en 1564.