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AMPHILOCHUS.

citerai (C). On aura quelque chose à censurer à M. Moréri (D). Il ne faut point confondre notre devin avec cet Amphilochus, dont une oie fut amoureuse (E). Je rapporterai ci-dessous dans une remarque ce que Pline et quelques autres anciens auteurs en ont dit.

(A) Il avait un oracle à Mallus, dans la Cilicie. ] Pausanias assure que de son temps il n’y avait point d’oracle aussi fidèle que celui-là. D’où nous pouvons inférer, que tous les oracles du paganisme ne cessèrent point par établissement de la foi chrétienne : Τῷ δε Ἀμϕιλόχῳ καὶ παῤ Ἁθηναίοις ἐςὶν ἐν τῇ πόλει ϐωμὸς, καὶ Κιλικιας ἐν Μαλλῷ μαντειον ἀψευδέςατον τῶν ἐπ᾽ ἐμοῦ[1]. Amphilocho in ipsâ urbe apud Athenienses ara sua est : in Ciliciæ verò urbe Mallo ejusdem oraculum quod omnium est, quæ ætate meâ exstant, minimè fallax. Les réponses de cet oracle se donnaient en songe : Ἐςὶν ἐν Μαλλῷ πόλει τῆς Κιλικίας Ἀμϕιλόχου χρηςήριον καὶ χρᾶ δἰ ὀνειράτων. Est Malli, quod est oppidum Ciliciæ, oraculum Amphilochi, quod per somnia consulentibus respondet[2]. Les consultans passaient la nuit dans le temple, et ce qu’ils songeaient devait être l’éclaircissement de la question. Dion Cassius a parlé d’une peinture où Sextus Condianus avait fait représenter la réponse qu’il avait reçue de cet oracle sous l’empire de Commode[3]. Voici un passage de Lucien qui nous persuadera qu’Amphilochus passait alors pour un grand prophète : Ὅποτε γὰρ ἐξ Αἰγύπτου ἐπανήειν ὄικαδέ, ἀκούων τὸ ἐν Μαλλῷ τοῦτο μαντεῖον, ἐπιϕανέςατον τε, καὶ ἀληθέςατον εἶναι, κᾳὶ χρᾷν ἐναργῶς πρὸς ἔπος ἀποκρινόμενον, οἷς ἀν ἐγγράψας τις εἰς τὸ γραμματεῖον παραδῶ τῷ προϕήτῃ, καλῶς ἔχειν ἡγησάμην ἐν παράπλῳ πειραθῆναι τοῦ χρηςτηρίου, καὶ τι περὶ μελλόντων συμϐουλέυσασθαι τῷ θεῷ.[4]. Cùm ex Ægypto redirem domum, audiremque illud in Mallo oraculum apertissimum simulque esse verissimum, et sic evidenter responsa dare, ut ad verbum respondeat iis, quæcunque prophetæ quispiam in schedulam inscripta tradiderit : rectè me facturum putavi, si dùm præternavigabam, experirer oraculum, deumque de futuris quidquam consulerem. Notez bien la circonstance que Lucien a rapportée : c’est qu’on proposait par écrit les choses sur lesquelles on demandait la réponse d’Amphilochus. Qu’on ne dise pas que Lucien a forgé lui-même les contes qu’il a débités dans cet ouvrage : car cela n’affaiblit point notre preuve, puisqu’il est sûr qu’il n’eût pas feint que cet oracle était célèbre, si depuis cent ans personne n’avait été le consulter. C’est ainsi que M. Van Dale satisfait à cette objection[5]. Il cite un autre passage tiré de l’Histoire du faux devin Alexandre, dans laquelle Lucien témoigne que l’oracle de Mallus était fameux. On eût pu citer un troisième endroit ; je le trouve si favorable à cette remarque, que je le rapporterai tout au long : Τὸν Τροϕώνιον, ὦ Ζεῦ, καὶ ὃ μάλισά με ἀποπνίγει, τὸν Ἀμϕίλοχον· ος ἐναγοῦς ἀνθρῶπου, καὶ μητραλοίου ὑιὸς ὢν, θεσπιῳδει ὁ γενναιος ἐν Κιλικίᾳ, ψευδόμενος τὰ πολλὰ καὶ γοητεύων τοῖν δυοῖν ὀϐολοῖν ἕνεκα.[6]. De Trophonio, Jupiter, quodque me potissimùm angit, de Amphilocho : qui quanquàm scelesti hominis et matricidæ est filius, in Ciliciâ præclarus ille vaticinatur, multa mentiens, et pro duobus obolis præstigiatorem agens. Nous examinerons ci-dessous la prétention de Lucien, qu’Amphilochus n’était pas le fils, mais le petit-fils d’Amphiaraüs. Disons, en attendant, qu’au temps de Plutarque l’oracle d’Amphilochus florissait encore : Ἐτι καὶ τὸ Ἀμϕιλόχου μαντειον.[7] Cùm autem essem in patriâ, florebant adhuc Mopsi et Amphilochi oracula.

(B) Il sortit mécontent d’Argos, et alla fonder une ville dans le golfe d’Ambracie. ] C’est d’un historien grave que nous apprenons cela. Ἄργος τὸ Ἀμϕιλοχικὸν καὶ Ἀμϕιλοχίαν τὴν ἄλλην ἔκτισε μετὰ τὰ Τρωϊκὰ ὄικαδε ἀναχωρήσας καὶ οὐκ αρεσκόμενος τῇ ἐν Ἄργει καταςάσει Ἀμϕίλοχος ὁ Ἀμϕιάρεω, ἐν τῷ Ἀμϐρακ κῷ

  1. Pausanias, lib. I, pag. 33.
  2. Xiphilin. in Epitome Dionis, pag. 285, 266.
  3. Idem, ibidem.
  4. Lucian. in Philopseude, pag. 500, tom. II.
  5. Van Dale, de Oraculis, pag. 98.
  6. Lucian. in Deorum Concilo, pag. 957, tom. II.
  7. Plut. de Oraculor. defectu, pag. 434, C.