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Un fait que nous devons retenir fut la fondation par Verhaeren et ses camarades, apprentis-poètes comme lui, d’un petit journal d’étudiants, la Semaine. Fondé en octobre 1879, la follicule vécut jusqu’en janvier 1881, — supprimée par une décision académique. C’est dans ses colonnes que notre poète, sous le pseudonyme de Rodolphe, publia ses premières chroniques. D’autres noms de guerre abritaient Edmond Deman, Gilkin, Van Dyck (le ténor). Van Arenbergh, Giraud, — d’autres encore. La Semaine conspuait hebdomadairement le « peeterman » (autre nom du philistin), la police, les « gueux » de Libéraux, ennemis de l’Église et propageait la littérature de ses rédacteurs. Un autre journal universitaire, le Type, dirigé par Max Waller, était la feuille adverse que l’on criblait des sarcasmes les plus amers. Et cette existence était toute fourmillante de germes, de fièvre, d’inquiétude littéraire. On jetait sa gourme, on bataillait, on affirmait, on remuait des idées, dans un bon parfum d’héroïsme et de sacristie. Mais surtout on était jeune et on le prouvait.

Les vers que publia Verhaeren à cette époque se maintenaient, il faut l’avouer, au niveau des élucubrations de l’espiègle petite feuille. Pour de pauvres vers, c’était à coup sûr de pauvres vers ; et, entre les moins insignifiants d’entre eux et la plus ancienne pièce du volume premier des Poèmes, — (Cantiques, 1882) — on chercherait vainement un lien. Pourtant la transition a dû s’ef-