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Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/115

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ses jasmins l’appellent. Il a sur la tête la casquette plate, à carreaux, qui ne le quitte guère. Quelle étrange idée vient parfois à un homme malheureux ! Réginald a ouvert la fenêtre, et le chef jardinier a tressauté au bruit, puis a reconnu son maître, puis a touché de ses doigts potelés le bord de la casquette, mais sans l’enlever, et s’est mis à sourire d’un air embarrassé, ne sachant pas s’il rêvait, s’il n’entendait pas des paroles imaginaires, comme le vin en sème et fait lever dans les esprits, la nuit.

— William, vous allez vous coucher ?

— Mais oui, Mr Réginald, bonne nuit.

— William, n’est-ce pas que c’est joli Redhall ?

— Oh ! oui, joli bien sûr, depuis le matin jusqu’à cette heure tardive… Vous voyez, je me promène encore…

La jovialité de l’homme s’accrut, et l’émotion fit battre ses lourdes paupières, aussi mouillées que le gazon. Depuis le retour de Réginald, c’était la première fois qu’il causait un peu librement avec lui, comme au temps où le jeune homme venait d’Eton ou du camp d’Aldershot. Il passa la main sur son menton rasé, du même