Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/172

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diamantées du vrai monde ; un secrétaire d’ambassade qui voulait bien faire au jeune attaché l’honneur de dîner ailleurs que dans une maison de ministre ou de conseiller, un homme qui avait la parole plate et modeste et une terrible collection d’anecdotes contre le prochain ; M. de Semoville, dont la femme avait dû refuser au dernier moment, statuaire amateur qui mettait tout son insuccès au compte de sa naissance, enviait en paroles les humbles non titrés, et portait une grande barbe carrée grise, sous des yeux de veilleur incorrigible, souvent mornes, quelquefois très vifs et très fins ; le cousin et la cousine Bourguillière, tous deux épais, elle seule imposante et « romaine », ménage qui passait pour habiter toute l’année la campagne, un grand domaine administré par madame, laquelle faisait, disait-on, 23.000 francs de bénéfices sur le lait de ses vaches, ménage renommé pour son expérience rurale, agricole, douanière, chevaline, ovine, etc., et qu’on voyait à Paris, toutes les fois qu’il y avait une occasion de quitter les champs, c’est-à-dire à tout moment.

Ce dîner, que madame Limerel qualifiait