Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/181

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— Sois tranquille, en tout cas ! Je vais faire l’éducation de votre Hindou ! Je lui apprendrai, pour refroidir son enthousiasme, ce qu’est un salon qui passe pour réactionnaire. Ma parole ! le ministre a failli voir dans le salon de mon père un obstacle à mon entrée…

— À quoi bon nous diminuer, Félicien ?

Il s’était déjà éloigné, sur un signe de son père, qui emmenait les hommes au fumoir. Quand ils rentrèrent, ils trouvèrent les salons envahis par les invités qu’une file interminable d’automobiles versait devant le perron. Obligé de saluer beaucoup de personnes, il ne reprit sa liberté qu’assez tard, près d’une heure après que le concert eut commencé. Alors il chercha Réginald, et il l’aperçut, dans l’embrasure d’une porte, entre le grand salon et le petit salon bleu. Réginald se tenait appuyé aux boiseries, les bras croisés, et considérait, avec un flegme observateur, les quatre demi-cercles de femmes, presque toutes jeunes, en toilette de bal, autour du piano, et les groupes d’hommes massés en arrière. Félicien cherchait à deviner, en s’approchant, quelle pensée pouvait bien être celle de cet Anglais, tout à coup transporté dans un