Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/185

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mais assez bas pour que la moitié de la table rie, et que l’autre voie seulement rire. Il a dit : « Ce qui est plus rare qu’un mariage de sentiment, c’est un adultère d’amour. La plupart sont de convenance. » C’est joli, n’est-ce pas ?

L’Anglais n’eut pas l’air de trouver cela drôle. Son visage rasé n’eut pas même ce léger mouvement des lèvres qui voudraient rire et qui sont retenues.

Le morceau finissait. Les mains se levaient et applaudissaient, et toutes les femmes, penchant la tête à gauche ou à droite, se hâtaient de reprendre le papotage si malheureusement interrompu par la musique, tandis que le violoncelliste, son instrument d’une main, son archet de l’autre, faisait des révérences à madame Victor Limerel, qui le félicitait. Un vieux monsieur passa, murmurant : « Rasant, n’est-ce pas, madame ? »

— Tenez, continua Félicien, ce jeune homme chauve, à monocle, près du piano, c’est un professeur d’anarchie extrêmement distingué, auquel on songe pour le Collège de France ou l’École Polytechnique. Le choix lui appartiendra, naturellement. Il n’y a point de titres qui