Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/220

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« C’est un gentleman », pensa Réginald ; et il considéra un moment cet homme de moyenne taille, maigre, un peu voûté, qui avait, éclairant sa face barbue, fine et qui aurait pu être sévère, le sourire de ceux qui font, par volonté, la volonté des autres, douceur des grands forts.

— Je vous conduirai ; nous irons tout à l’heure à l’adoration des Pauvres, puis je vous mènerai dans la chapelle où se fait, chaque nuit, l’adoration commune. Et, quand vous le désirerez, vous gagnerez vos chambres, pour vous reposer. Vous êtes jeunes ; une nuit de faction : il faut avoir l’habitude. Vous n’êtes jamais venus ?

— Moi, dit Félicien, pas depuis l’avant-veille de mon bachot. Et vous, monsieur, vous ne vous couchez pas de toute la nuit ?

Le président des Pauvres sourit.

— Mais non. Il est nécessaire, n’est-ce pas, qu’il y ait quelqu’un à chaque heure qui sonne, pour réveiller l’escouade nouvelle, ceux qui viennent relever les adorateurs et « prendre l’adoration ». Ça coûte un peu, dans les premiers temps, mais on s’y fait, je vous assure.

Il dit cela simplement, et emmena ses hôtes dans le dortoir bas, où quelques hommes,