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Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/298

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Madame Limerel avait loué, au premier étage de l’hôtel de Londres, le dernier appartement à gauche, composé de deux chambres, et d’un salon ouvrant sur la place. C’est dans ce salon, meublé de chaises et de fauteuils aux bois lourds et dorés, et recouverts de satin rouge, qu’elle reçut la visite de Réginald. Il était distrait avec gravité, et faisait effort pour répondre aux questions de madame Limerel. Elle avait cru qu’il parlerait volontiers de Rome, et elle s’étonnait qu’il montrât une indifférence polie pour les monuments, les tableaux, les ruines, les paysages qu’elle énumérait avec l’ardeur de sa nature française et de la voyageuse qui débute un peu tard, et qui découvre l’Italie. Les noms qui la ravissaient, qui l’encombraient d’images et d’idées, il les laissait tomber : la vue de Rome du haut du Janicule, Saint-Pierre, Saint-Paul-hors-les-Murs, la petite église de San Onofrio, les jardins, la campagne, les charretiers des Castelli Romani, abrités dans leur soffietto… Cet Anglais n’avait-il donc pas compris