Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/315

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cette blouse à col droit, cette culotte courte, d’un ton si sérieux. Est-ce brun, ou est-ce vert ? On ne saurait le dire. Et comme ce doit être pratique ! Vos tailleurs n’ont rien trouvé d’aussi bien.

Il s’inclina, et ce fut surtout avec cette vieille « globe-trotteuse » qu’il causa, tandis qu’il montait l’escalier de la Trinité-du-Mont, et suivait la bordure des jardins en terrasse. Marie, silencieuse et séparée de lui, savait bien que ce n’était là qu’une diversion. Il prêtait une attention trop exacte à des questions banales, il s’appliquait à répondre, il détournait la conversation chaque fois qu’elle eût pu l’amener à une confidence. Il n’eut même aucun de ces mots vagues par lesquels la jeunesse dit à moitié sa peine, et cherche à se faire plaindre. Marie continuait le songe qui l’avait occupée la veille au soir et ce matin encore. Silencieuse et recueillie, elle repassait, dans son esprit, les circonstances où, à son insu, la destinée l’avait faite la conseillère, l’amie, l’appui de Réginald. Elle comprenait qu’elle aurait de nouveau cette âme cachée et souffrante devant elle, et que l’heure était toute proche.